Journal

35ème Festival de la Vézère – Au cœur de la Corrèze

35ème édition ? « Je le vis comme quelque chose d’incroyable », avoue Isabelle du Saillant, présidente et directrice artistique, en considérant le cap symbolique que le Festival de la Vézère franchit cette année. Elle était en loin d’imaginer l’ampleur qu’il prendrait lorsqu’elle s’est lancée dans l’aventure en 1981, avec son mari Guy (décédé en 1999). Président du Syndicat intercommunal de la Vézère, ce dernier en avait eu l’idée afin de palier l’absence de manifestation classique pendant l’été dans la région.
 
De passage chez le couple du Saillant en 1980, Roland Pidoux teste l’acoustique de la grange du château du Saillant. Elle se révèle être un lieu idéal pour la musique de chambre et constituera le berceau d’un Festival qui démarre l’année suivante, avec des artistes amis tels que Roland Pidoux donc, le Trio Pasquier, Marielle Nordmann, Patrice Fontanarosa. Et la musique de se répandre dans les églises des communes environnantes. Mais la prudence demeure : « nous démarrions à zéro, nous avons été très modestes au départ et nous n’avons augmenté le nombre de concerts que lorsque le public a été suffisamment nombreux », se souvient I. du Saillant.
 

Isabelle du Saillant © DR

La qualité est la priorité des organisateurs, les mélomanes suivent : des quatre ou cinq concerts des premières éditions, la manifestation a crû peu à peu pour atteindre aujourd’hui une moyenne d’une vingtaine rendez-vous répartis sur l’ensemble du département de la Corrèze. Sans oublier les petites églises de ses débuts, le festival a investi des lieux plus vastes tels que la cathédrale de Tulle ou l’abbatiale d’Uzerche soulignant l’importance que revêt dans sa démarche la rencontre de la musique et du patrimoine.
 
« Du point de vue financier, constate I. du Saillant, notre festival est solide et bien équilibré, avec une grande variété de soutiens. C’est le résultat de 35 ans de travail… ». Au fil du temps, le Festival de la Vézère a su fidéliser de nombreux mécènes, au point que le total du mécénat équivaut à celui des subventions. Outre Vivendi, EDF, la Fondation Orange ou le groupe de presse La Montagne, des entreprises d’origine corrézienne telles que Pitch Promotion, Sothys ou Silab lui apportent également leur aide.
 
L’ancrage local du Festival tient beaucoup aussi à l’importance (près de 500 adhérents) et au dynamisme de l’association des «Amis du Festival de la Vézère» à laquelle I. du Saillant prête beaucoup attention. En plus du concert d’ouverture du Festival où il sont particulièrement choyés, ses membres se voient en effet proposer deux voyages musicaux par an, l’un à la Folle Journée de Nantes, l’autre dans une ville d’Europe (Baden Baden et son Festival de Pâques ont été choisis cette année).
 
L’éclectisme est un maître mot depuis l'origine à la Vézère. Une variété qui vaut pour les genres et les styles musicaux, mais aussi pour les formules proposées. En 2014 les concerts « Une heure avec » ont fait leur apparition, organisés avec le concours du flûtiste Philippe Bernold et d’élèves de sa classe de musique de chambre du CNSMD de Paris. Un succès ! Cette fois, "Chagall et la musique" (dans le cadre de la chapelle du Saillant dont les vitraux sont l’œuvre du peintre), Mozart et Beethoven inspirent trois rendez-vous (les 29 et 30 juillet) dont le format d’une heure et le tarif modique constituent des atouts dans l’élargissement du public.
Rien de tel que l’enthousiasme de jeunes musiciens pour amener de nouveaux auditeurs au classique ! Le festival jouera à nouveau cette carte le 4 août avec un concert de Lucienne Renaudin-Vary, petite prodige de la trompette, en compagnie de l’Orchestre Mozart de Toulouse.
 
La variété des propositions n’interdit pas la fidélité envers certains artistes ou ensembles. Ainsi, de façon continue depuis 1989, la grange du château du Saillant s’ouvre à l’opéra. C’est avec la troupe britannique Pavilion Opera de Freddie Stockdale que le lyrique fit son entrée au festival. Venue d’outre-Manche elle aussi, la troupe Diva Opera (dirigée par Bryan Evans) a pris le relai en 1998, confirmant le succès de spectacles mis en scène avec accompagnement de piano, très à leur place dans le cadre intimiste de la grange.
Bryan Evans et ses chanteurs en seront bientôt les hôtes lors d’un week-end (7-9 août) réunissant un programme «Passions », grand patchwork d’airs célèbres, Lucia di Lammermoor et Les Noces de Figaro. Après un Don Giovanni très remarqué l’an dernier, Diva Opera promet de faire salle comble une fois de plus.
 
Autre temps fort de l’édition 2015, le concert de clôture du 21 août sera l’occasion de la première venue au festival de Nicholas Angelich. Variations en fa mineur de Haydn, 21ème Sonate de Beethoven, Kreisleriana de Schumann : nul besoin de préciser qu’une grand moment de piano et - d’abord - de poésie se profile.
 
Alain Cochard
(entretien avec Isabelle du Saillant réalisé le 22 juillet 2015)
 
35ème Festival de la Vézère
Jusqu’au 21 août 2015
Programmation détaillée : www.festival-vezere.com
 
 
 Photo (Château du Saillant) © DR

Partager par emailImprimer

Derniers articles