A la suite de la défection successive de Lionel Bringuier et Mikko Franck, souffrants, le Philharmonique de Radio France a fait appel dans l’urgence à son timbalier Adrien Perruchon (31 ans) pour diriger le concert prévu à l’Auditorium de Radio France. Adoubé par François-Xavier Roth à Cologne, assistant d’Esa-Pekka Salonen auprès de divers orchestres, dont le Philharmonia de Londres, il n’avait jusqu’alors jamais eu l’occasion de faire ses preuves dans la capitale en tant que chef, mais s’est fait remarquer par ses qualités d’instrumentiste  au sein de la phalange parisienne depuis 2003.
 
Le programme dense qu’il dirige constitue un test : la 8^ème Symphonie de Dvorak et le Concerto n° 2 pour piano de Brahms exigent des talents d’architecte, un sens de l’équilibre et une réelle autorité. Dans Dvorak, la souplesse du geste, la fluidité des enchaînements, l’engagement maîtrisé, la transparence fluide et le lyrisme mesuré démontrent déjà une capacité à prendre de la hauteur tout en s’investissant auprès des musiciens. On pourrait demander plus d’envolée, plus de sens dramatique, mais l’expérience parlera.

François-Frédéric Guy connaît le Second de Brahms à la perfection et il l’a joué très souvent avec des chefs tels que Sawallisch ou Berglund. Construite et intériorisée, sa vision est soutenue avec efficacité par Adrien Perruchon qui sait entretenir un échange constant, assurer le tuilage entre parties concertantes et tutti, se tournant même vers le soliste pour adhérer à sa conception. A l’issue du concert, le public et les musiciens leur font fête par des applaudissements nourris, heureux en particulier de découvrir en primeur un jeune maestro dont il faudra suivre avec la plus grande attention l’évolution de carrière.  
 
Michel le Naour
 
Paris, Maison de la Radio, Grand Auditorium, 12 décembre 2014
 
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