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​Christian Gerhaher chante Le Voyage d’hiver à l’Opéra national du Rhin– Intime, trop intime - Compte-rendu

Spécialiste du lied, le baryton Christian Gerhaher se produit peu dans l’Hexagone. Un événement donc que son récital à l’Opéra national du Rhin, a fortiori dans le Voyage d’hiver de Schubert, « un chef-d’œuvre indémodable toujours aussi poignant » comme l’écrit André Tubeuf dans la notice du programme.
 

de g. à dr. : Gerold Huber & Christian Gerhaher © Alexandre Basta pour Sony BMG
 
La précision de la diction, l’élégance des phrasés, l’intelligence du texte signalent un immense musicien tout à fait maître de son art. Pourtant, à l’écoute de ce chant dominé, sans aspérités mais aussi sans tension, le désespoir, les visions de larmes glacées, d’engourdissement, de tempêtes intérieures disparaissent derrière une conception monochrome presque distanciée.

L’accompagnement de Gerold Huber reflète une même volonté de rester en retrait et de distiller avec économie chaque note sans jamais contrarier une lecture où l’intimité le dispute à la réserve. Pas de marche en avant pour le Wanderer, mais une forme d’immobilité à peine troublée par les moments heureux du souvenir ou par le vain espoir (Die Post). L’ombre de la mort (Der Leiermann) qui clôt le recueil n’a ni la charge émotionnelle ni la palette de couleurs qu’on attend. Une soirée qui laisse sur sa faim.
 
Michel Le Naour

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Strasbourg, Opéra national du Rhin, 18 juin 2016

Photo © Jim Rakete - Sony classical

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