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Christian Zacharias au Théâtre des Champs-Elysées – Une suprême élégance – compte-rendu

Figure majeure du piano, Christian Zacharias se partage depuis un bon moment désormais entre la direction d’orchestre (il a été Directeur musical de l’Orchestre de Chambre de Lausanne de 2000 à 2013) et son instrument. Le récital qu’il donne au Théâtre des Champs-Elysées réunit des pages de Beethoven, Schubert et Schumann, compositeurs dont il ne cesse de percer les secrets.
 
En début de programme, dans la Sonate en la mineur D. 537 de Schubert (1817), il allie élégance, intimisme, mais sait déclencher dans l’Allegro vivace final une agitation presque beethovénienne qui assure la transition avec les Sonates n° 27 et n° 30 du Titan de Bonn. Contrôlé, ne se laissant jamais aller aux grands élans, le soliste donne en revanche de ces deux derniers opus une vision d’un classicisme quintessencié où tout est en place mais ne donne jamais le frisson. On admire la gradation des nuances, la délicatesse du toucher, la sobre diction, l’appropriation intellectuelle de la forme et la clarté du jeu, bien qu’elles s’exercent au détriment de la dialectique des contrastes.
 
En seconde partie, Zacharias imprime un bel élan aux Davidsbündlertänze de Schumann, sachant dégager avec bonheur les différentes humeurs d’une partition toujours mouvante. Par sa vivacité d’esprit et la lisibilité d’un jeu à la fois dense et souple, il pénètre le tréfonds de l’âme romantique avec un art des transitions qui ne perd jamais de vue le fil conducteur de l’œuvre. Une belle leçon de style à la fois réfléchie et sensible.  
 
Michel Le Naour

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Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 7 novembre 2016

Photo © Orchestre de Chambre de Lausanne et Nicole Chuard

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