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Compte-rendu : Antonio Meneses et Cristina Ortiz - Vibrant hommage à Villa-Lobos

Radio France et l’Ambassade du Brésil se sont associés le temps d’un week-end pour rendre hommage à Heitor Villa-Lobos, à l’occasion cinquantenaire de la disparition de l’auteur des Bachianas Brasileiras, décédé le 17 novembre 1959 à l’âge de soixante-douze ans.

Le concert que proposent le violoncelliste Antonio Meneses et la pianiste Cristina Ortiz (photo), deux grands solistes brésiliens, est un véritable retour aux sources tant les deux interprètes, en parfaite osmose (ils ont d’ailleurs enregistré ensemble des sonates de Villa-Lobos), vivent la musique de l’« Indien blanc ». En première partie, la Sonate pour violoncelle et piano n°2, parfois prolifique par son lyrisme et sa virtuosité exacerbée (Allegro vivace sostenuto final) mais aussi d’une joie réfrénée par des ambiances feutrées (Andante cantabile), est superbement servie par un archet racé, subtil, toujours respectueux de la ligne, et un piano qui se joue des difficultés.

Dans la transcription de la Bachianas Brasileiras n°2 (originellement destinée à l’orchestre), les deux artistes parlent la langue sensuelle et chaleureuse d’une partition pleine de couleurs et d’imagination (à l’image du Petit train de Caipira, à la rumeur si caractéristique faite de sifflements et de grincements, que l’on découvre dans la Toccata conclusive). Le bis (Le Chant du cygne noir) se réfère à Saint-Saëns et témoigne de la profonde connaissance qu’avait Villa-Lobos de la musique française.

Après l’entracte, Cristina Ortiz offre un florilège de pièces pour piano (Chôros n°5 « Alma Brasileira » - A prole do bebê n°1 - Valsa da dor - « Festa no Sertão », extrait du Cycle brésilien) dans lequel elle manifeste avec une aisance digitale impressionnante une inspiration constante aussi bien dans les tourbillons d’un folklore réinventé que dans la mélancolie de scènes d’enfants, d’une simplicité confondante. Généreux jusque dans ses bis, ce Premier Prix du Concours Van Cliburn 1969 mériterait d’être davantage programmé dans l’Hexagone.

Michel Le Naour

Paris, Maison de Radio France, 12 décembre 2009

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Photo : DR
 

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