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Compte-rendu : David Zinman dirige l’Orchestre National - Un maître des sons et de la forme


On ne peut que se féliciter de la présence cette saison de l’Américain David Zinman (né en 1936) à la tête de nos phalanges parisiennes : il appartient en effet à une génération de musiciens dont l’expérience s’est forgée par un travail assidu, hors de toute préoccupation médiatique et démonstrative. Actuel chef principal de la Tonhalle de Zurich (depuis 1995), il a mené une carrière raisonnée et centrée d’abord sur l’approfondissement d’un répertoire qu’il maîtrise comme personne.

Dans Ainsi parlait Zarathoustra, le chef sait éviter cette grandiloquence digne d’un péplum, dérive que la luxuriance de l’orchestration peut entraîner. Avec un Orchestre National soucieux de nuances, de limpidité, de transparence, le poème symphonique straussien devient subitement aéré, ses transitions naturelles. David Zinman, comme son maître Pierre Monteux dont il fut l’assistant aux Etats-Unis dans les années 60, est un alchimiste toujours attentif au dosage des sonorités et à l’architecture globale, préférant la finesse du trait à la puissance appuyée. Le fil du discours de Zarathoustra se déroule dans la tendresse et le lyrisme. Les instrumentistes, portés par le souffle d’une direction élégante, sans pathos, atteignent une intensité qui culmine dans les contrepoints les plus enchevêtrés.

L’intervention du violon solo de Sarah Nemtanu (Le Chant de la danse) apporte la luminosité dont l’exécution de cette œuvre est gorgée.

En début de programme, le violoniste autrichien Thomas Zehetmair s’est mis au service d’un Mozart décanté, presque irréel (Rondo pour violon et orchestre en si bémol). Fluide et translucide comme le voulait le jeune Amadeus, le Concerto n°5, KV 219 s’en trouve allégé, d’une pureté classique qui est aussi l’apanage d’un accompagnement confraternel et attentif. Un moment de musique immatériel et profond, comme la surprenante Bagatelle de Heinz Holliger donnée en bis par un archet en état de grâce.

Michel Le Naour

Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 3 février 2011

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Photo : DR

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