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Compte-rendu - Le Médecin malgré lui à Amiens – Un tourbillonnant Gounod


C’est seulement un an avant son célèbre Faust que Charles Gounod, en janvier 1858, fit entendre Le Médecin malgré lui, ouvrage savoureux dans lequel d’importants passages parlés tirés de la pièce de Molière voisinent avec des épisodes musicaux composés sur un livret de Barbier et Carré. « C’est décidément la plus jolie chose qu’on ait faite dans le genre comique depuis Grétry », écrivit d’ailleurs Bizet après avoir découvert la partition d’un aîné profondément admiré. A la rentrée dernière Jacques Doucelin s’était fait l’écho dans nos colonnes d’une enthousiasmante version de concert du Médecin donnée à la Fondation Royaumont. Elle n’était que la première étape du travail de l’Unité Scénique de Royaumont sur cette oeuvre rarement montée.

Mis en scène par Sandrine Anglade, Le Médecin malgré lui est coproduit par la Maison de Culture d’Amiens et c’est donc logiquement par cette dernière que la production entamait une tournée qui la mènera dans diverses salles. Autour d’un lit surélevé, élément central du décor et de la mise en scène, se déroule un spectacle où, par le biais des costumes, l’époque de Molière au XIXe siècle se mêle. « Le rencontre de deux temps du théâtre, de deux époques, quand le naturalisme gris du XIXe siècle se laisse traverser de part en part par la volubilité baroque, la couleur de l’ivresse et du plaisir », écrit à ce propos Sandrine Anglade dans sa note d’intention. Volubilité, ivresse : le spectateur découvre une mise en scène tourbillonnante et soigneusement huilée dont l’extrême mobilité nuit un peu à la lisibilité de l’action mais qui se distingue par sa manière d’instiller de l’étrangeté dans le comique.

Sur le plan vocal, on pourrait être tenté de détacher le Sganarelle d’Olivier Naveau et le Géronte de Bertrand Bontoux, épatants l’un et l’autre dans la peau de leurs personnages. Ce serait toutefois se montrer injuste envers le vrai travail d’équipe d’un plateau où nul ne démérite, qu’il s’agisse de la piquante Martine de Marie-Paule Bonnemason, du tendre Léandre d’Olivier Hernandez, de la Jacqueline pleine de caractère de Joëlle Charlier ou encore de Sevan Manoukian (Lucinde), Julien Picard (Lucas) et Sacha Michon (Valère)
Dans la fosse, Pascal Verrot, à la tête de son Orchestre de Picardie, se met à l’unisson du spectacle avec allant et luminosité.

Alain Cochard

Gounod : Le Médecin malgré lui – Amiens, Maison de la Culture, 6 mai 2009
Prochaines représentations :

> Maison de la culture d’Amiens

> Fondation Royaumont

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Photo : DR

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