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Compte-rendu : Suisse / Finale (piano) du 65e Concours de Genève – Mami Hagiwara, un 1er Prix prometteur


Après une édition 2009 partagée entre le chant et la percussion, la 65e édition  du Concours international de musique de Genève faisait place au hautbois et au piano. La compétition suisse est relativement coutumière de la non-attribution de son Premier Prix : cela a d’ailleurs été le cas pour le hautbois cette année ; le 2ème Prix (et le Prix du Public) revenant au Russe Ivan Podyomov (24 ans), le 3ème Prix au Français Philippe Tondre (21 ans).

Côté piano on a, à l’inverse, assisté à un resserrement du palmarès vers le haut au terme d’une finale avec l’Orchestre de la Suisse Romande dirigé par Pascal Rophé. Présidé par Jacques Rouvier, le jury avait pour tâche de départager trois candidates (1), dont deux sont déjà connues des mélomanes attentifs aux concours. Hyo Joo Lee (Corée, 25 ans) et Maria Masycheva (Russie, 28 ans) ont en effet été distinguées par l’or au Concours Piano Campus de Pontoise, respectivement en 2003 et en 2009, et la seconde a par ailleurs obtenu le 2ème Prix du Concours Long-Thibaud l’an dernier. A Genève, elles se sont partagées un 2ème Prix ex-aequo, tandis que le 1er est revenu à la benjamine de la finale, la Japonaise Mami Hagiwara (23 ans), interprète du Concerto en sol de Maurice Ravel. Finesse, mobilité, tendresse des coloris distinguent un jeu et une sonorité qui demandent certes encore à s’affirmer mais laissent déjà entrevoir un vrai imaginaire poétique. Conduit avec beaucoup de sensibilité, l’Adagio assai l’atteste. Une artiste à suivre avec attention ; un beau bourgeon, pourrait-on dire… Et un pari sur l’avenir de la part du jury.

Maria Masycheva possède déjà une solide expérience du concert et du travail avec orchestre. Mené avec un remarquable aplomb, son Concerto n°3 de Prokofiev se caractérise avant tout par la précision et l’énergie rythmiques. Approche efficace, tonique, mais un peu univoque aussi d’une partition dont les espaces poétiques ne sont pas explorés autant qu’on le souhaiterait. Efficacité qui vaut un franc succès public à la Russe au commencement de la soirée.

C’est toutefois sur Hyo Joo Lee que les auditeurs présents au Victoria Hall porteront leur choix pour le Prix du public. Il est vrai que la Coréenne a, de ce point de vue, mis beaucoup d’atouts de son côté en choisissant le fameux Concerto n°2 de Rachmaninov. Lancée avec sonorité bien timbrée et une large respiration, l’interprétation ne tient pas hélas toutes ses promesses, victime d’une franche chute de tension dans le finale. Le poids des épreuves précédentes et le passage en troisième position font sans doute sentir leurs effets…

Un mot enfin pour Jean-Charles Simon, homme de radio dont les interventions pleines d’humour ont pimenté la soirée qu’accueillait la magnifique salle du Victoria Hall.

A propos de celle-ci, notez que l’on y entendra, le 27 novembre, un programme tout Tchaïkovski par l’Orchestre Symphonique de la Philharmonie Nationale d’Ukraine conduit par Mykola Diadiura, et que les 1er et 3 décembre, Marek Janowski y dirigera Dans la Nature et la « Nouveau Monde » de Dvorak avec son Orchestre de la Suisse Romande, le programme étant complété (le 1er) par le 2ème Concerto pour violon de Martinu sous l’archet Franck Peter Zimmermann et (le 3) par le non moins rare Concerto pour alto de Walton avec Antoine Tamestit.

Alain Cochard

(1)de gauche à droite sur la photo : Hyo Joo Lee, Mami Hagiwara et Maria
Masycheva

Finale (piano) du 65ème Concours international de musique de Genève, Victoria Hall, 18 novembre 2010

Programmation détaillée du Victoria Hall : www.vill-ge.ch/vh

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