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Concert de clôture du Concours Reine Elisabeth - L’avenir devant soi - Compte-rendu
Point d’orgue d’une longue et éprouvante période pour les heureux lauréats, le Concert de clôture du Concours Reine Elisabeth 2013 (piano) regroupait les trois premiers prix de la célèbre compétition belge, accompagnés pour l’occasion par deFilarmonie placée sous la baguette d’Edo de Waart. Comme de coutume, ce concert a pris l’allure d’événement national, avec présence de la famille royale et large diffusion radiophonique et télévisée.
Troisième Prix, l’Anglo-polonais Mateusz Borowiak (né en 1988) a travaillé en Angleterre, à la Guildhall School of Music, et poursuit actuellement ses études en Pologne auprès d’Andrej Jasinki à l’Académie Karol Szymanowski. C’est à lui que revient d’ouvrir la soirée avec le 9ème Concerto « Jeunehomme » de Mozart. D’emblée on est séduit par la subtilité et la poésie d’un toucher qui n’adoucit toutefois pas à l’excès le propos. Pas de perruque pour Mozart : l’élégance et la justesse stylistique vont de pair avec une franchise de ton et une fermeté du trait qui rendent parfaitement justice à l’originalité d’une partition où le soliste se montre attentif à la richesse de la relation entre le piano et l’orchestre. De ce point de vue, Mozart franchit une étape décisive avec le KV 271 et le dialogue serré que Borowiak entretient avec Edo de Waart (très bel Andantino !) montre à quel fin musicien on a affaire.
Deuxième Prix, le Français Rémi Geniet (né en 1992) est le benjamin du palmarès 2013 – et, tout chauvinisme mis à part, mon coup de cœur de la soirée. Ancien élève de Brigitte Engerer au CNSM de Paris, le pianiste montpelliérain a par ailleurs étudié auprès Rena Shereshvskaja à l’Ecole Normale de Musique-Alfred Cortot. A 20 ans, Rémi Geniet sidère tout simplement par la maturité pianistique et musicale dont il témoigne dans le Concerto n°3 de Rachmaninov (donné ici avec la « petite » cadence). Que ne lui a-t-on pas fait voir à cet Opus 30… A d’autres la « technicolorisation », le mépris du texte : à l’évidence le jeune artiste a longuement médité la leçon de sobriété de l’auteur dans son légendaire enregistrement avec Leopold Stokowski. Il a bien fait ! Pas un effet de manche ou de mèche, mais un aplomb, une noblesse, une densité et une beauté de la sonorité qui laissent coi d’admiration. Avec la complicité d’un chef qui connaît à merveille ce répertoire, Rémi Geniet signe une interprétation miraculeuse d’équilibre et intensément vécue, en un mot bouleversante - à laquelle le public réserve d’ailleurs une fervente ovation. L’artiste – car à n’en pas douter, c’en est un ! - n’a pourtant que 20 ans et ne dispose que d’une expérience encore limitée du travail avec orchestre : on imagine ce que son fantastique potentiel nous réserve pour l’avenir…
Premier Prix du Concours 2013, l’Israélien Boris Giltburg (né en 1984) est pour sa part un habitué des salles de concerts. Ce musicien précoce s’est en effet produit dès 2007 avec le Philharmonia Orchestra, puis avec d’autres formations telles que l’Orchestre National du Capitole de Toulouse. Virtuose accompli, l’ancien élève d’Arie Vardi a indubitablement profité de ce solide bagage lors de son parcours bruxellois. Giltburg a chois le Concerto n°2 de Prokofiev et termine le concert de clôture d’électrisante façon. Bras très longs, un peu voûté face au clavier, il défend une conception extravertie où toute la tension accumulée pendant le concours semble se libérer. Le déchaînement virtuose manque d’un peu d’effroi et les moments les plus poétiques de la partition mériteraient d’être approfondis, mais l’option est assumée avec une maestria qui emporte l’enthousiasme de l’auditoire et referme en beauté le Concours 2013. Rendez-vous l’an prochain à Bruxelles pour le chant !
Alain Cochard
Bruxelles, Palais des Beaux-Arts, 17 juin 2013
Site du Concours Reine Elisabeth : www.cmireb.be
A signaler : Fidèle à son habitude, le Concours Reine Elisabeth a publié - en un temps record ! - un coffret regroupant une sélection d’enregistrements des six pianistes primés cette année : Boris Giltburg, Rémi Geniet, Mateusz Borowiak, Stanislav Khristenko, Zuo Zhang & Andrew Tyson (4 CD QEC 2013). Rappelons que le palmarès comprend aussi six « lauréats » non classés : Tatiana Chernichka, David Fung, Roope Gröndahl, Sean Kennard, Kim Sanyoung & Liu Yuntian
Premier Prix du Concours Reine Elisabeth en 2005, le violoniste Sergey Khachatryan vient pour sa part de signer, avec la complicité de sa sœur Lusine, un enregistrement des trois sonates pour violon et piano de Brahms. 75 minutes de poésie pure… (1 CD Naïve V 5314)
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Photo : Bruno Vessiez / Au moment du bis collectif (de gauche à droite) : Boris Giltburg (1er Prix), Mateusz Borowiak (3ème Prix) & Rémi Geniet (2ème Prix)
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