Journal

Cycle George Onslow au Palazetto Bru Zane de Venise – Fièvre et délire

Des enregistrements des Quatuors Diotima (1), Ruggieri (2), des Ensembles Initium et Contraste (3) ou Osmosis (4) l’ont montré depuis une demi-décennie, George Onslow (1784-1853) n’est pas totalement absent du paysage musical. Il reste que le poids du préjugé consistant à croire qu’entre Rameau et la naissance de la Société Nationale il n’est point de musique de chambre en France continue de produire ses néfastes effets. En partie grâce à l’action du Palazzetto Bru Zane, les mentalités évoluent heureusement et la curiosité des interprètes pour des auteurs méconnus s’aiguise ; Onslow est de ceux-là.
 
On ne doutait pas que le Centre de musique romantique française proposerait tôt ou tard un Cycle Onslow. Sous-titré « Fièvre et délire », il se déroulera à Venise du 11 avril au 21 mai et (à l’instar de « Romantisme entre guerre et paix », l’autre cycle de la saison du PBZ) connaîtra des prolongements à l’étranger, à commencer par la France où le « Festival Palazetto Bru Zane à Paris » des Bouffes du Nord (29 mai- 5 juin) fera entendre quelques compositions d’un créateur passionné de musique de chambre.
 
Faible mot pour parler d’un artiste natif de Clermont-Ferrand - un père anglais explique son patronyme guère auvergnat -, nourri de l’enseignement de Dussek, Cramer et Reicha, admirateur de Mozart et Beethoven, et dont la production ne comporte pas moins de 36 quatuors et 34 quintettes à cordes, 3 quintettes pour piano et cordes, 10 trios avec piano et 6 sonates pour violon et piano, mais également des opus pour violoncelle et piano, des quintettes, sextuors ou septuors pour vents et même un Nonette op. 77 pour cordes et vents.
 
Nourri de l’apport classique, la musique d’Onslow fait entendre une voix singulière dans la musique de la première moitié du siècle romantique. Les œuvres de la maturité (tel le Quatuor en mi bémol majeur op. 54 avec son vaste mouvement lent « Preghiera ») présentent un langage surprenant par son expressivité et son audace tant harmonique que formelle. « Fièvre et délire » : le titre choisi par le Palazzetto n’a rien d’usurpé et ce cycle Onslow réserve de superbes découvertes aux auditeurs curieux.
Emmanuelle Bertrand et Pascal Amoyel inaugurent un cycle où l'on retrouve tout naturellement le Quatuor Diotima (photo) dont l’enregistrement des Quatuors op. 54, 55 et 56 constitue l’une des meilleures introductions à l’univers d’Onslow - on aimerait que la formation approfondisse le sujet... Auteur d’un récent et beau CD Reicha  (5), le Quatuor Ardeo est également convié en compagnie du contrebassiste Yann Dubost. Mais on entend aussi le Trio Van Baerle, Le Quatuor Manfred augmenté de l’excellent Xavier Phillips, le Quatuor Ruggieri, Nicolas Dautricourt et Momo Kodama en duo, le Scharoun Ensemble (magnifique formation constituée d’instrumentistes issus du Philharmonique de Berlin), le Trio Arcadis et, en conclusion, le Duo Bizjak - car l’œuvre d’Onslow recèle également quelques opus pour piano à deux ou quatre mains.
 
Programme alléchant donc, dont il vous faut profiter sans hésiter si vous avez l’occasion de vous rendre à Venise. D’ailleurs, pourquoi ne pas la provoquer et conjuguer un ou plusieurs concerts du PBZ avec d’autres événements musicaux, tels ceux de la première saison d’hiver du Venetian Center for Baroque Music ?
 
Alain Cochard
 

  1. 1 CD Naïve
  2. 1 CD Agogique
  3. 2 CD Timpani
  4. 1 CD Ramée
  5. 1 CD Empreinte digitale

 
Cycle George Onslow - « Fièvre et délire »
11 avril – 21 mai 2015
Venise – Palazzetto Bru Zane
www.bru-zane.com

Photo Quatuor Diotima © Molina Visuals

Partager par emailImprimer

Derniers articles