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Enfin l’étoile qu’on attendait - Myriam Ould-Braham à l’Opéra de Paris

Sept années ! Sept années de joies et de désillusions, de réussites et de doutes, sept années surtout où elle s’est structurée. En 2005, Myriam Ould-Braham, délicate danseuse blonde au profil mutin, devenait 1ere danseuse de l’Opéra ; le dernier échelon avant la consécration. Et depuis ce 18 juin, enfin, à l’issue de la Fille mal Gardée, alors que ses fans piétinaient d’impatience, la voilà étoile. Mythique, le beau mot ne tourne pourtant pas la tête solide et bien faite de la jeune femme. Ce fut toujours un enchantement de la voir s’emparer avec grâce et éclat de la scène, de La Source à La Bayadère. Charmeuse, pétillante, aérienne, un savoureux mélange. L’avenir va nous montrer sa mesure. Questions à une ballerine radieuse.

Un peu d’angoisse en même temps que le bonheur avec cette nomination si espérée ? Myriam Ould-Braham. Je sais que tout commence, et qu’il va falloir faire toujours plus, toujours mieux. Certes, il y a eu une période où j’étais peu distribuée. Peut-être ne m’a-t-on pas fait confiance, peut-être n’ai-je pas su faire confiance. Puis Laurent Hilaire est devenu maître de ballet, et il a cru en moi. Mais cette nomination me paraît arriver au bon moment : j’ai trente ans, et je sais que je ne vais pas flancher vite, comme peut-être si ce cadeau m’avait été fait beaucoup plus tôt. J’ai eu le temps de travailler avec de grands chorégraphes qui m’ont permis de découvrir des ressources insoupçonnées dans mon corps et d’utiliser des techniques différentes de la classique : Mac Gregor, Millepied. Et danser Forsythe est une expérience excitante.

Ce rêve de toujours, comment a t’il pris corps ?

M. O.-B. : Au départ, enfant, j’étais gymnaste à Alger, où réside mon père. Le hasard m’a mise en contact avec la danse, et j’ai décrété que bouger avec de la musique était beaucoup plus amusant. J’ai commencé la danse avec Yvonne Goubé, puisque ma mère est française, ensuite le Conservatoire et enfin l’Ecole de Danse de l’Opéra, alors sous la direction de Claude Bessy. En fait, je suis venue tard à la danse, et je ne connaissais vraiment rien de cet univers, qui m’a grisée. J’étais fascinée par Noëlla Pontois, la grâce incarnée, et par Monique Loudières, si intense et poétique. Qu’aurais je pu faire d’autre, à part peut-être la cuisine, que j’adore…

Un regard sur l’avenir ?

M. O.-B. : D’abord, je veux rester simple et généreuse dans mon art et dans ma vie, tout donner, comme je l’ai toujours fait. A l’Opéra, je m’entends très bien avec mes camarades, notamment plusieurs premiers et premières danseuses dont j’ai partagé le parcours, et j’ai une prédilection pour mes partenaires Emmanuel Thibault et Josua Hoffalt, récemment nommé lui aussi. Tout est simple avec lui, tout coule. Quant aux rôles que j’espère, ce sont bien évidemment Giselle, Le Lac des Cygnes, Manon, la Bayadère encore et encore, que j’ai travaillée avec Florence Clerc, vrai bonheur, et peut-être un des grands rôles de John Neumeier, Sylvia par exemple. Et j’adore m’épanouir dans les adages des grands ballets comme celui de Suite en Blanc. C’est là que je me sens le mieux. Classique je suis et classique je veux rester : il est bon d’avoir une place marquée. Et puis, je ferai des bébés …

Propos recueillis le 5 juillet 2012 par Jacqueline Thuilleux

La Fille mal gardée, Palais Garnier, jusqu’au 15 juillet 2012.

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Photo : DR
 

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