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Enrique Mazzola, Cédric Tiberghien et l’ONDIF - Beaux commencements - Compte-rendu
L’arrivée d’un nouveau directeur musical est souvent l’occasion de lancer des projets sur le long terme ; celle d’Enrique Mazzola (photo) à la tête de l’Orchestre national d’Ile-de-France ne déroge pas à la règle. On aura ainsi assisté dans une même soirée au démarrage de deux intégrales : les Concertos pour piano de Beethoven et les Symphonies de Tchaïkovski. La soirée débute toutefois sous le signe du second XXe siècle et de la création, domaines que le chef catalan a la ferme intention de ne pas négliger. Conduite avec autant de fermeté que de sobriété, la prenante Katyn Epitaph de Panufnik précède la création de Mover of the Earth, Stopper of the sun, pièce trop brève pour se faire une juste idée des qualités de l’Ukrainienne Svitlana Azarava mais dont Mazzola souligne les superpositions de plans sonores avec une belle maîtrise.
On n’avait pas entendu Cédric Tiberghien en concerto dans une salle parisienne depuis trop longtemps et l’impatience était grande de le retrouver dans le Concerto n°1 de Beethoven. Les attentes n’ont pas été déçues ! A 37 ans, l’artiste s’impose par la simplicité et la souveraine autorité d’un jeu où se lisent les effets bénéfiques d’une fréquentation assidue des sonates et des concertos de Beethoven. La jeunesse et l’élan du Concerto en ut majeur conduisent parfois à trop en accuser les contrastes : dans un entente très chambriste avec Mazzola, Tiberghien se garde de tomber dans ce piège. Stylistiquement impeccable, son Opus 15 est bien une partition inscrite dans le XVIIIe siècle finissant, mais qui regarde vers l’avenir avec une vibrante impatience (superbe cadence du 1er mouvement). Nulle accentuation excessive de la dynamique ; c’est d’abord par la clarté et la nervosité sans crispation de l’articulation, par la respiration et le rebond incessant du propos (les vents jouent un rôle essentiel sur ce point) que les interprètes parviennent à leur but, avec une clarté de ligne et une richesse des couleurs qui augurent du meilleur pour la suite de leur intégrale.
Enrique Mazzola a choisi de commencer son cycle Tchaïkovski par la 3ème Symphonie qui, l’auteur était le premier à reconnaître, n’est pas sans faiblesse. Le naturel, la vivacité avec lequel le chef l’aborde parviendrait presque à le faire oublier et l’on se laisse prendre par le charme d’une conception sans rien de forcé, ni de surligné, mais rondement menée, dans le lyrisme comme dans la virtuosité (Scherzo-Allegro impeccablement tenu !). A l’évidence, une belle histoire musicale et humaine vient de commencer entre Enrique Mazzola et l’ONDIF, formation irremplaçable dans la vie musicale francilienne on ne le redira jamais assez.
Alain Cochard
Paris, Salle Pleyel, 23 janvier 2013
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Photo : Martin Sigmund
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