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« Ensemble » ou la musique chorale au temps du confinement – la Fondation Bettencourt Schueller au rendez-vous de la crise

La Fondation Bettencourt Schueller a fait du chant choral l’objet unique de son attention en matière de mécénat musical, comme l’illustre le Prix Liliane Bettencourt, lancé dès 1990, en partenariat avec l’Académie des Beaux Arts, trois ans après la création de la Fondation.(1) Nul ne sera surpris de trouver celle-ci au rendez-vous dans le contexte de la crise en cours. « C’est un ébranlement énorme pour la filière musicale, constate Olivier Brault (photo), directeur de la FBS depuis 2013. Nous sommes proches des ensembles que nous soutenons ; nous nous sommes très tôt tournés vers eux pour savoir comment ils allaient. Les échanges avec les directeurs, les administrateurs nous ont fait comprendre la gravité de la crise, comprendre aussi qu’il fallait se concentrer sur de petites compagnies indépendantes, très fragilisées ».
Le projet « Ensemble », fruit d’une collaboration entre ARTE, la société de production Camera Lucida et la Fondation Bettencourt Schueller, s’est certes développé dans le contexte du confinement, mais a été favorisé par la réflexion de la FBS, entamée avant la crise sanitaire, sur la manière de marquer les 30 ans du Prix Liliane Bettencourt pour le chant choral. Des contacts avec certaines sociétés de production, certains médias avaient déjà été pris. « Face aux initiatives sympathiques mais un peu ... artisanales qui fleurissaient, nous avons donné carte blanche au meilleur des chœurs professionnels pour qu’ils choisissent un morceau et un réalisateur et proposent, dans le contexte du confinement, quelque chose qui renouvelle le genre de la pastille youtube avec une vraie exigence, tant que le plan musical que celui de la vidéo, souligne O. Brault»

Forme de réaction, de sursaut face à la crise confinement, le projet « Ensemble » a aussi été une manière pour la Fondation Bettencourt Schueller de « répondre aux préoccupations des patrons de compagnies envers leurs chanteurs, souvent intermittents, sans activité et en panne de revenus, comme l’explique O. Brault. Nous n’avons pas seulement voulu financer la production de la vidéo, nous avons aussi mis les moyens pour que les ensembles puissent rémunérer leur musiciens et leur verset un cachet. »

Les directeurs des ensembles ont eu carte blanche, tant pour le choix de la pièce musicale que celui de réalisateur et quatre vidéos sont déjà disponibles, d’une belle diversité : « Balliamo che l’onde » de Monteverdi par Pygmalion (réal. Clément Cogitore), « Marginalia » (cinq courtes pièces signées Bordalejo, Verunelli, Strasnoy, Mitterer et Stroppa) par les Cris de Paris (réal. Nicolas Foulon), « La Valse à mille temps » de Brel, arrangée par Julien Joubert (réal. Gordon) et « Le Jardin féerique » de Ravel (2), arrangé par Thierry Machuel, par Les Métaboles (réal. Philippe Beziat).
Si les quatre chœurs susnommés sont des lauréats récents du Prix Liliane Bettencourt (Les Métaboles-2018, Pygmalion-2014, Les Cris de Paris-2013, Aedes-2009), c’est par l’un des premiers d'entre eux, Accentus (1995), que le projet « Ensemble » va se terminer : l’Adagio de Barber, dirigé par Laurence Equilbey, sera a découvrir prochainement, dans un réalisation de Vergine Keaton.

Une prolongation à « Ensemble » dans le contexte du déconfinement ?  «Une réflexion est en cours, reconnaît le directeur de la FBS, mais il faut d’abord que l’on tire les leçons des premières semaines de déconfinement et que l’on soit fixé sur les annonces gouvernementales, ce sera déterminant pour la suite. Je ne peux rien vous dire de plus pour le moment. »
Quant au 30e Prix Liliane Bettencourt pour le chant choral, le processus lancé avant le confinement suit normalement son cours et la volonté de la Fondation de poursuivre son action en faveur de ce domaine demeure toujours aussi vive. « Le chant choral est une discipline extrêmement belle par le bien qu’elle fait à ceux qui la pratiquent et ceux qui l’écoutent. Il y a un vivier très riche et une formidable vitalité de la pratique chorale, conclut O. Brault ».

Alain Cochard
(Entretien avec Olivier Brault réalisé le 23 mai 2020)

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