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Festival d’Aix-en-Provence 2023 – 75 ans et toujours vert

 
Entre le 4 et le 24 juillet prochains, le Festival d’Aix aura 21 jours et 21 nuits pour célébrer son 75anniversaire. Le 28 juillet 1948 dans une cour de l’Archevêché où les chaises faisaient face à une scène habillée par le décor de Georges Wakhévitch, Hans Rosbaud dirigeait le premier Così de l’histoire de ce qui allait devenir l’un des principaux festivals d’art lyrique au monde. Pour beaucoup c’était l’occasion de découvrir la musique de Mozart fort peu jouée en France à cette époque ; Mozart dont les œuvres devinrent au fil des ans les pièces maîtresses d’un édifice festivalier qui, à l'origine, était baptisé du patronyme du compositeur.
 
Comme un pont lancé sur trois quarts de siècle, le 6 juillet 2023 c’est encore avec Così fan tutte qu’Aix illustrera l’indéfectibilité de son amour pour le salzbourgeois. Un Così mis en scène par Dmitri Tcherniakov dont la Carmen et le Don Giovanni représentés à Aix ces dernières années ont attisé les passions. Mais c’est L’Opéra de quat’sous de Kurt Weill qui, deux jours plus tôt, ouvrira à l’Archevêché l’édition du 75anniversaire. Un choix qui, et c’est pure coïncidence, pourrait stigmatiser l’état du financement institutionnel actuel de la culture en général et de l’art lyrique en particulier… Maxime Pascal dirigera son Balcon (photo) et Thomas Ostermeier mettra en scène la troupe de la Comédie-Française.
 
George Benjamin © Matthew Lloyd

Création mondiale attendue, le lendemain, de Picture a day like this. Onze ans après le triomphe de Written on skin, Sir George Benjamin dirigera la première d’une œuvre composée sur un texte de Martin Crimp. On n’est jamais mieux servi que par soi-même et le Mahler Chamber Orchestra ne s’en plaint pas, qui aura l’occasion de jouer sous la direction de l’une des compositeurs les plus emblématiques de notre époque.
De Sir en Sir, à partir du 7 juillet, c’est Simon Rattle qui conduira le London Symphony Orchestra pour un Wozzeck mis en scène par Simon McBurney. Une production à laquelle est invitée à participer la Maîtrise des Bouches-du-Rhône qui est aussi à l’affiche pour Le Prophète et Otello, donnés en version concert. Une nouvelle consécration pour l’ensemble (installé à Marseille) dirigé par Samuel Coquard.
 

Lisette Oropesa © Jason Homa

Pour continuer à faire vivre le Stadium de Vitrolles, ressuscité l’été dernier avec la Symphonie « Résurrection » de Gustav Mahler dans une mise en scène éprouvante mais terriblement réaliste de Romeo Castellucci, Pierre Audi, le directeur du Festival, a décidé la création d’un « objet » pluridisciplinaire mêlant musique, chorégraphies et vidéo autour des « Ballets russes » de Stravinski. Trois regards contemporains sur L’Oiseau de feu (Rebecca Zlotowski) Petrouchka (Bertrand Mandico) et Le Sacre du printemps (Evengella Kranioti), avec l’Orchestre de Paris et Klaus Mäkelä.
Théâtre musical, enfin, avec la création en Europe de The Faggots and Their Friends Between Revolutions, une « fantaisie baroque » signée Philip Venables pour la musique et Ted Huffman pour le texte et la mise en scène. Un mois après la première à Manchester, cette partition sera donnée dans le cadre du Pavillon Noir.
 
Trois opéras en version concert (et en unique représentation) sont aussi programmés : Le Prophète de Giacomo Meyerbeer, œuvre fleuve de près de cinq heures dirigée par Sir Mark Elder, Otello de Verdi, qui réunira Jonas Kaufmann, Ludovic Tézier et Marie Agresta, et Lucie de Lammermoor  – la version grand opéra français de l’ouvrage de Donizetti – avec Lisette Oropesa dans le rôle-titre et Pene Pati dans celui d’Edgard Ravenswood. Quinze concerts et récitals seront par ailleurs proposés.
A 75 ans, le Festival d’Aix reste bien vivant et d’une belle verdeur qui lui permet d’être riche d’histoire(s) et de création(s).
  
Michel Egéa
 

La billetterie ouvrira le 25 janvier pour les abonnements et le 1er février 2023 pour les places à l’unité. Infos : festival-aix.com.
 
Photo © Meng Phu
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