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George Benjamin à la Cité de la musique - Vive le bel aujourd’hui ! - Compte-rendu

De Guillaume de Machaut à George Benjamin en passant par Stravinsky et Boulez, tel est le riche itinéraire que proposait la Cité de la Musique dans son cycle Revus et corrigés. Car à qui arrivait en avance, l’excellent ensemble Diabolus in Musica donnait en prélude à la soirée, dans la médiathèque, la Messe de Notre Dame de Machaut dont la rigueur inspira celle de la Messe de Stravinsky qui ouvrait le second concert dirigé dans l’auditorium par le Britannique George Benjamin. Les sonorités antiquisantes joliment acidulées de l’harmonie de l’Ensemble Intercontemporain alliées à celles du superbe Ensemble vocal de Radio Stuttgart offraient une divine réponse au musicien de l’Ars nova sur fond de psalmodie d’un plain chant venu du fond des âges. 

Suivit la création mondiale d’une commande au Tchèque Ondrej Adamek (né en 1979) Kameny d’après un poème de l’Islandais Sjon : une demi-heure pour toute la rumeur du monde y compris en écho un gamelan balinais. Cette brillante démonstration d’orchestre semble un brin scolaire et longuette… à l’inverse du chef-d’œuvre absolu que constituent les Trois inventions pour orchestre de chambre de Benjamin (né en 1960) : grâce à une science admirablement maîtrisée, la liberté et l’inventivité sont à portée de main, dès 1995, pour cet ancien élève de Messiaen au Conservatoire de Paris.

Quel humour dans la première partie du triptyque, vrai Poulenc mais so british  ! Magnifique contraste central avant l’irrépressible montée dramatique finale : un régal que ce bel aujourd’hui déjà classique et annonciateur de l’opéra Written on skin créé au dernier Festival d’Aix en Provence. Autre classique, sériel celui-là, avec Cummings ist der Dichter de Pierre Boulez : l’occasion pour les musiciens de l’EIC de manifester leur affectueuse reconnaissance à leur père spirituel à travers cette dentelle de timbres à la limite de la préciosité.

Jacques Doucelin

Paris, Cité de la musique, 29 janvier 2013
(Concert diffusé sur France Musique le 1er avril à 20h dans le cadre des Lundis de la contemporaine)

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Photo : Matthew Lloyd
 

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