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Juan Diego Flórez en récital au Parco della musica de Rome – Sympathique mais sans surprise – Compte-rendu

Juan Diego Flórez et Jonas Kaufmann devaient clore l’année 2017 au Parco della Musica de Rome, le premier le 20 décembre, le second le 22, tous deux accompagnés par Antonio Pappano. Le public a dû cependant se contenter du ténor péruvien, son homologue allemand ayant déclaré forfait au dernier moment : les Quatre derniers lieder de Strauss lui porteraient-ils malheur ? Annoncé souffrant et contraint d’aménager quelques modifications par rapport à son programme initial, Juan Diego Flórez reste fidèle à lui-même, sympathique, professionnel, précautionneux d’abord, généreux par la suite.
 Si la qualité du timbre, de l’émission et de la technique ne compensent toujours pas l’étroitesse du volume qui demeure insuffisant, surtout dans un auditorium aussi vaste, le chanteur sait s’adresser au public et le charmer. Le programme patchwork passerait mal chez un autre que lui, mais Flórez chante très agréablement Mozart « Si spande al sole in faccia » extrait d’Il re pastore (qui figure dans son dernier album publié chez Sony), finement la « Furtiva lagrima » (en lieu et place de l’air de Rodrigo « Che ascolto ? ahimé…Ah, come mai non senti » de l’Otello rossinien) et rallie à lui les plus sceptiques dans le grand air de Roberto Devereux « Ed ancor la tremenda porta » conclu par la brillante cabalette « Bagnato il sen di lagrime ».

Antonio Pappano © Musacchio & Ianniello

A quelques semaines de son premier Hoffmann scénique à Monte-Carlo, la « Légende de Kleinzach » n’est pas exactement dans les cordes du ténor qui apparaît malgré de louables efforts aux limites de son registre. Ceux qui attendaient Rodolfo (La Bohème) en ont été pour leur frais, mais l’aria de Rinuccio « Avete torto » de Gianni Schicchi, impeccablement exécuté, le remplaçait avantageusement, le chanteur ayant retrouvé sa santé vocale pour interpréter « La mia letizia infondere » d’I Lombardi de Verdi, cabalette comprise.
Sans surprise Antonio Pappano dirigeait son orchestre avec le goût et la virtuosité qui nous lui connaissons, de la crépitante ouverture des Nozze di Figaro à celle, délicieuse, d’Orphée aux Enfers, l’Accademia Nazionale di Santa Cecilia ayant vu les choses en grand puisque le Chœur avait été réquisitionné pour agrémenter ce concert, invité à accompagner l’air d’Hoffman et à défendre plusieurs pièces dont le célèbre « Va pensiero » de Nabucco.
Totalement libéré après des débuts hésitants, le ténor revenait avec sa guitare pour livrer une chanson napolitaine de Tosti, Marechiare, et susurrer deux standards d’Amérique du Sud dont le traditionnel Cucurrucucu Paloma aux aigus interminables, avant de prendre congé sur un retentissant Granada cette fois avec orchestre.
 
François Lesueur

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Rome, Parco della musica, 20 décembre 2017

 © Decca - Josef Gallauer

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