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La Chronique de Jacques Doucelin - Festivals : c’est la fête à Mozart !

Rares seront les festivals de musique classique dans l’Hexagone à ne pas afficher Wolfgang Amadeus Mozart en cette année de deux cent cinquantenaire de sa naissance à Salzbourg. Il y aura, bien sûr, quelques irréductibles. Mais Wolfgang fait vendre depuis belle lurette qu’il tient le haut de l’affiche : il faut être maso pour ne pas bénéficier de l’aubaine. Aix, ville mozartienne depuis un demi siècle, a choisi de hisser pour la première fois de son histoire, les couleurs de Richard Wagner : ce sera, en effet, cet été, l’entrée dans la cour de l’Archevêché de L’Or du Rhin, prélude glorieux au Ring qui s’étalera sur quatre étés lorsque le nouveau théâtre fermé d’Aix sera achevé. De Mozart, il n’y aura que l’ouvrage préféré de Wagner dont il a confessé l’influence qu’il exerça sur son art, La Flûte enchantée proposé par de jeunes artistes à découvrir. Pour rester dans le lyrique, Orange affichera l’inusable Requiem, le 15 juillet, sous la baguette de Chung.

D’autres y vont plus franco comme le Festival de Saint-Céré qui sera presque entièrement voué aux couleurs de Mozart, quitte à reprendre plusieurs productions antérieures comme son excellent Don Giovanni dans la forteresse impressionnante de Castelnau-Bretenoux pour sept soirs et son Enlèvement au sérail joliment mauresque quatre fois au château Renaissance de Montal. L’académie des Eléments de Joël Suhubiette sera consacrée à la Messe en ut qu’on entendra à la cathédrale de Cahors, le 4 août, le même chef de chœur dirigeant le Requiem dans l’abbatiale de Souillac, le 29 juillet. Dominique Trottein donnera la version mozartienne du Messie de Haendel à Beaulieu, le 9 août, le 10 à Cahors et le 12 à Martel. Christophe Coin et son remarquable Ensemble baroque de Limoges évoqueront les amis et les successeurs de Wolfgang avant d’entonner sa 40 è Symphonie en sol mineur qui n’est pas qu’une sonnerie de portable, mais aussi l’un des plus hauts chefs-d’œuvre de l’humanité !

Le Festival de Saint-Denis s’achèvera dans la basilique des Rois de France avec la Messe en ut et le Concerto pour clarinette, dirigés par John Nelson à la tête de son Ensemble Orchestral de Paris, les 29 et 30 juin. Au nord-ouest, le 26 le Festival d’Auvers-sur-Oise affichera le nom de Mozart dans six de sa vingtaine de concerts d’ici au 1er juillet. Il occupera encore quatre soirées sur douze du Festival des Grands Crus de Bourgogne entre Noyers et Tonnerre jusqu’au 29 juillet. Toujours en Bourgogne, le temple du baroque à Beaune s’est converti au culte de Mozart au point de lui consacrer un week-end entier (7 au 9 juillet) avec l’oratorio La Betulia Liberata , l’opéra Idoménée et un récital d’airs par la grande Annick Massis avant de s’achever avec l’opéra des opéras Don Giovanni dans une version rigoureuse conduite par Sigiswald Kuijken les 28 et 30 juillet.

Le 55 è Festival de Prades propose un parcours Mozart qui eût séduit son fondateur Pablo Casals avec quelque onze concerts à thème du 26 juillet au 13 août. Même la Citadelle de Sisteron célèbrera Mozart lors de sa 51 è édition dans le cloître Saint-Dominique où Paul Meyer et le Quatuor Ebène joueront son sublime Quintette avec clarinette K. 581 avant celui de Brahms le 25 juillet. A Saintes, dans le cadre grandiose de l’Abbaye-aux-Dames, Philippe Herreweghe a concentré l’hommage de son Orchestre des Champs-Elysées sur un seul soir, le 17 juillet, avec ce sommet que constituent les trois dernières Symphonies subtilement environnées de la première Symphonie en sol mineur K. 183 et du 3 è Concerto pour violon en sol majeur.

Pour son 40 è anniversaire, le Festival de la Chaise-Dieu dédie une dizaine de sa quarantaine de concerts à Wolfgang. C’est Emmanuel Krivine et sa Chambre Philharmonique qui donneront le coup d’envoi le 18 août avec notamment l’ouverture de Thamos roi d’Egypte et la 36 è Symphonie dite Linz. Pilier fondateur du festival auvergnat, Michel Corboz proposera Le Messie de Haendel révisé par Mozart, les 22 et 23 août, tandis que Paul McCreesh dirigera sa Symphonie en sol mineur et sa Messe en ut mineur laissée inachevée, les 29 et 30 août. Le Festival de la Vézère invite Wolfgang à six reprises entre le 9 juillet et le 25 août avec notamment une soirée Clins d’œil à Mozart le 19 juillet à la cathédrale de Tulle qui accueillera également sa version du Messie de Haendel par Michel Corboz, le 21 août.

Jacques Doucelin

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Photo : DR
 

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