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La Damnation de Faust sous la direction de John Eliot Gardiner au Festival Berlioz - La transmission d’un maître - Compte-rendu

Interprète phare du Festival Berlioz et présent depuis quatre éditions, Gardiner (photo) revient cette fois avec La Damnation de Faust. Et comme il en fut l’an passé avec Roméo et Juliette, après avoir étrenné le même concert aux Proms de Londres (le 8 août dernier). Une fois encore une sorte de perfection est au rendez-vous. Sir John Eliot, en parfait connaisseur et maître de l’esthétique de Berlioz, allie une lecture des plus scrupuleuses à cette flamme que le compositeur souhaite.
 
C’est ainsi que les minutieuses indications de la partition sont respectées au plus près, dans un entrelacs et un contrepoint des différents plans sonores d’une égale lisibilité malgré certains tempos parfois trop vifs. Aux ordres acérés du chef, répondent ses hautement éprouvés Orchestre Révolutionnaire et Romantique et Monteverdi Choir, accompagnés du National Youth Choir of Scotland et des Petits Chanteurs de Lyon tout aussi ardemment pris en mains. Le plateau vocal fait appel également à des habitués de l’œuvre, en l’occurrence Michael Spyres et Laurent Naouri. Le ténor dispense toujours cette expression intériorisée qu’il sait trouver dans les héros de Berlioz, avec une technique idoine faisant un sort aux notes de passage, même si quelques arrachements (la fin de son « Invocation à la nature ») signalent une fatigue au fil de la soirée. Naouri renoue avec une tessiture de ferme baryton, qu’il ajoute à une caractérisation toujours vigoureuse pour un Méphisto tout de superbe.
 

 Michael Spyres, Ann Hallenberg et Laurent Naouri © Festival Berlioz

Mais la surprise vient d’Ann Hallenberg, Marguerite d’un délié souverain pour une intensité douloureuse. Excellente apparition de l’épisodique Brander d’Ashley Riches. On regrettera seulement que les trois chanteurs masculins soient parfois relégués en fond de plateau ou auprès des chœurs, au détriment de l’impact détaché de leur participation soliste. L’acoustique de l’auditorium provisoire sis dans la cour du château de La Côte-Saint-André n’est pourtant pas en cause, nettement améliorée, par quelques modifications de structure, par rapport aux années précédentes. Une fois encore Gardiner répond à sa mission, glorieux transmetteur de Berlioz dans le cadre de ce festival qui lui dédié.
 
Pierre-René Serna

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Berlioz : La Damnation de Faust - Festival Berlioz, La Côte-Saint-André, 30 août 2017
 
Photo Sir John Eliot Gardiner © Festival Berlioz

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