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La Diane Française au Festival de Sablé – Pour la gloire de Leclair

La Diane Française s’apprête à retrouver le Festival de Sablé ; c’est là que, l’an dernier, l’ensemble a été porté sur les fonts baptismaux grâce au flair et à la confiance d’Alice Orange. La directrice du festival a en effet su mesurer toute la pertinence du projet de la violoniste Stéphanie-Marie Degand (photo), qui alterne entre instrument baroque et moderne, en concert comme dans son enseignement au CNSMD de Paris.
 
Sous un beau et fier nom emprunté à Aragon, la formation répond à une « profonde nécessité artistique » pour S.-M. Degand. « Au fur et à mesure de mes diverses activités, explique-t-elle, j’ai développé une grande passion pour la musique française. En tant que pédagogue, je me suis rendu compte que la maîtrise de celle-ci – qui domine culturellement en Europe au XVIIIe siècle – est absolument indispensable pour la compréhension des autres répertoires. »
 
La Diane Française n'a certes qu'un an d'existence mais amène toutefois la violoniste à côtoyer des collègues qu’elle connaît et avec lesquels elle collabore depuis longtemps déjà. Des personnalités telles que la claveciniste Violaine Cochard, la violoniste Alice Piérot ou la flûtiste Amélie Michel ont ainsi accepté – avec enthousiasme – de s’embarquer dans une aventure dont l'un des maîtres mots est la transmission. A côtés des aînés, chefs de pupitre, La Diane ouvre en effet largement ses rangs à des étudiants passionnés par le répertoire du XVIIIe siècle français (le territoire prioritairement exploré pour l’instant, mais S.-M. Degand n’exclut aucunement d’aborder d’autres répertoires). « Même en violon moderne, je parle en permanence de l’héritage français, confie-t-elle ; la musique française est indissociable de la parole, de l’éloquence, de la danse. On ne peut pas véritablement pénétrer les œuvres de Fauré ou Debussy sans avoir étudié Couperin et Rameau. »
 
Avec sa classe de violon baroque au Conservatoire de Paris, la fondatrice de La Diane Française dispose d’un irremplaçable poste d’observation pour repérer les étudiants susceptibles d’intégrer l’ensemble. Le pari  – fichtrement osé pour un baptême, il faut l’admettre – des Indes galantes de Rameau l’an passé à Sablé a été gagné. Il a beaucoup contribué à l’essor d’une formation que l’on a depuis entendue au Festival de l’Abbaye de Saint-Michel en Thiérache – flatteuse marque de reconnaissance qu’une invitation de Jean-Michel Verneiges ! –, à la Seine Musicale, ou, récemment, aux Antiques de Glanum (Saint-Rémy-de-Provence)
© DR

Jean-Marie Leclair © DR

En résidence dans le festival sarthois, La Diane Française y a rendez-vous ce 23 août avec un projet Jean-Marie Leclair (1697-1764), très important aux yeux de S.M. Degand. « Leclair est un compositeur totalement sous-estimé, déplore-t-elle, en France en particulier et je que souhaite défendre. Il y a bien sûr les concertos pour violon, mais aussi la musique de chambre et l’opéra Scylla et Glaucus. »
Menée par une violoniste, La Diane Française s’est d’abord tournée vers les concertos, corpus essentiel pour l’histoire du violon en France. « Leclair a étudié en Italie. Il y a découvert qu’un violoniste peut jouer des concertos, découvert aussi le goût des compositeurs italiens pour la virtuosité. Il rentre chez lui nourri de tout cela et réalise un tour de force, inédit dans la musique française, en signant des partitions qui allient la virtuosité à un sens harmonique extrêmement fin ».
 
« La Grande Veillée » concertante que Sablé consacre cette année à Leclair permettra de s’en convaincre avec un programme rassemblant six des douze concertos du musicien français (op. 7 nos 1, 2 & 5 et op. 10 nos 3, 5 & 6). Belle entreprise, qui amène S.M. Degand à partager le rôle de soliste avec deux jeunes et brillants collègues  – qui, à son instar, oscillent tous deux avec bonheur entre violonbaroque et moderne – : Théotime Langlois de Swarte (ancien élève de S.-M. Degand et membre du Consort de Justin Taylor ; formation à l’affiche du Festival de Sablé le 22 août) et Evgeny Sviridov (Lauréat du Concours de Bruges 2017 et membre du Concerto Köln).
 
Magnifique et précieuse initiative que cette soirée Leclair, une véritable « pièce unique » – chose rare – dans l’offre festivalière, promise à un beau succès public on n’en doute pas. Formons en conclusion le vœu que, compte tenu de l’extrême pauvreté de la discographie des concertos de Jean-Marie Leclair, un éditeur prenne conscience de l’importance patrimoniale de l’initiative de La Diane Française et ne laisse pas filer l’occasion de réaliser une intégrale des douze concertos avec des interprètes de cette qualité. Pour les concertos de Vivaldi et de Mozart on a tout ce qu’il faut, merci !
 
Alain Cochard
(Entretien avec Stéphanie-Marie Degand réalisé le 15 août 2018)

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La Diane Française ; Stéphanie-Marie Degand, Théotime Langlois de Swarte et Evgeny Sviridov (violon)
Œuvres de Jean-Marie Leclair
23 août 2018 – 20h30
Brûlon  – Eglise Saint-Pierre et Saint-Paul
http://www.lentracte-sable.fr/festival_spectacles2__239.html
 
Festival de Sablé
Du 21 au 25 août 2018-08-18
www.lentracte-sable.fr/festival.htm

Photo © DR

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