La musique de chambre a le vent en poupe depuis quelques années – elle peut il est vrai compter sur de jeunes instrumentistes d’un niveau exceptionnel, et pas moins exceptionnellement disposés à l’exercice collectif de leur art – : le lancement de la Belle Saison en 2013 en offre une probante illustration. On en doit l’initiative à Olivier Mantéi et Olivier Poubelle, co-directeurs du théâtre des Bouffes du Nord, avec à leurs côtés Jean-François Dubos, administrateur de la structure (P3A) qui porte la Belle Saison.

Manager général de cette dernière, Antoine Manceau – par ailleurs en charge de la découvreuse programmation musicale de l’Auditorium de la Fondation Louis Vuitton – insiste sur l’importance qui a été donnée au choix des lieux (une vingtaine au total ; leur nombre devrait progresser en 2018-2019 pour avoisiner la trentaine), « tous adaptés acoustiquement à la musique de chambre » et bien répartis sur le territoire hexagonal, avec quelques incursions en Italie et en Belgique (la Chapelle Reine Elisabeth à Bruxelles-Waterloo). Leur réunion au sein du réseau Belle Saison répond à la volonté de « créer un label qualitatif complètement dédié à la musique de chambre ».

Antoine Manceau © Alexandre de Cadoudal

Outre la qualité des projets mis en œuvre depuis cinq ans au sein d’une structure qui, souligne A. Manceau, plus que de diffusion, se veut d’abord « un réseau de vie musicale et de production », il faut mettre l’accent sur la force d’entraînement de Belle Saison et la manière dont elle a pu contribuer à la réhabilitation de certaines salles. Ainsi pour le théâtre municipal de Coulommiers, cité dont le maire, Franck Riester, soutient avec enthousiasme les activités musicales en ce lieu. Activités qui, là comme dans bien d’autres endroits fréquentés par la Belle Saison, comportent un important volet pédagogique à destination du jeune public.

Tous les ans, les divers acteurs de la Belle Saison se réunissent afin de sélectionner une dizaine de projets à mettre en route à partir de la saison suivante. Et si l’on ne rechigne pas à servir les opus les plus fameux du répertoire, on sait s’aventurer dans des ouvrages plus exigeants, tel ce Pierrot Lunaire mené par Jean-François Heisser à la tête d’une équipe de jeunes interprètes ou encore l’intégrale des Quatuors de Bartók par les Diotima, deux projets lancés en 2016-2017 qui se sont poursuivi sur la saison en cours.

La création contemporaine a aussi trouvé sa place à la Belle Saison : après la création du Quatuor « Al’ Asr » de Benjamin Attahir par le Quatuor Arod ou d’un octuor pour cordes et vents de Raphaël Merlin présenté en parallèle à celui de Schubert, 2018-2019 verra la création d’un quintette à cordes de Daniel D’Adamo par le Quatuor Béla et la violoncelliste Noémie Boutin.

La Maladrerie Saint-Lazare de Beauvais © DR

La Belle Saison sait aussi se lancer dans des projets un peu fous. Ainsi, à l’initiative de Lise Berthaud, Pierre Fouchenneret, Eric Lesage et François Salque, une intégrale de la musique de chambre de Johannes Brahms a-t-elle été mise sur pied. Intégrale en public bien sûr, mais au disque également puisque le Label Be Records prend part à une entreprise consistant à associer résidences d’enregistrement et concerts afin que chacun de ceux-ci corresponde à l’un des volumes de l’intégrale en 13 CD attendue pour 2020 (1). Depuis mars 2017 et jusqu’en juin 2019 les différents opus chambristes du compositeur allemand sont interprétés par une équipe homogène où, autour des quatre musiciens précités, on trouve Florent Pujuila, Sarah et Deborah Nematanu, Adrien Boisseau, Yann Levionnois, Joël Lasry, Schuichi Okada et Sarah Laulan. Une équipe ? Mieux une troupe comme aiment à se définir des amis musiciens unis par une totale complicité.

Le moment des deux Sextuors à cordes est venu et, mercredi 7 mars, à la Maladrerie Saint Lazare de Beauvais, Pierre Fouchenneret, Shuichi Okada, Lise Berthaud, Adrien Boisseau, François Salque et Yan Levionnois seront au rendez-vous, tandis qu’une autre session suivra (avec F. Pujuila, P. Fouchenneret, D. Nemtanu, L. Berthaud et F. Salque) à la Chapelle Reine Elisabeth, le 18 mars, dédiée au Quintette pour clarinette.
Le Sextuors et l’Opus 115 seront de retour dans le cadre l’intégrale Brahms en quatre jours (8-11juin) et huit concerts qui fera l’événement à Paris, aux Bouffes du Nord, en fin de saison.

(1) la sortie des volumes séparés s'étalera entre avril 2018 et la fin 2019 / www.integralebrahms.com

Pierre Fouchenneret, Shuichi Okada, Lise Berthaud, Adrien Boisseau, François Salque & Yan Levionnois
7 mars 2018 – 20h30
Beauvais – Maladrerie Saint-Lazare
http://la-belle-saison.com/event/integrale-brahms-2/

Site de la Belle Saison :
http://la-belle-saison.com/
 
Photo Quatuor Strada © Claude Doaré/ Festival de Pâques de Deauville