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“ Le Cas Wagner ” au Grand Théâtre de Genève - Richard à la question - Compte-rendu

En marge de son Ring programmé au long de sa saison, le Grand Théâtre de Genève propose un petit spectacle iconoclaste : “ Le Cas Wagner ”. Cela rappelle quelque chose… Mais oui ! le fameux pamphlet de Nietzsche. En l’espèce, ce spectacle sous-titré “ Le Procès Wagner ” confronte Marc Bonnant, gloire suisse du barreau, à l’écrivain et philosophe qu’il n’est plus besoin de présenter Bernard-Henri Lévy, avec le comédien Alain Carré comme illustrateur (et médiateur ?). L’idée est donc celle d’un faux procès, mis en scène, avec Wagner en tant que prévenu, Bonnant comme avocat et BHL dans le rôle du procureur.

Dans la grande salle du théâtre, devant un public qui s’écrase et à l’occasion encourage de ses applaudissements ou de ses rires, alternent ainsi les déclarations du “ prévenu ”, puisées à son abondante littérature, et les réactions qu’elles suscitent auprès de la défense et de l’accusation. Les unes et les autres lancées avec talent : celui d’un magnifique diseur dans le cas du comédien lisant les textes du maître de Bayreuth, de beaux effets de manches pour l’avocat genevois, et d’une élocution claire et percutante pour la partie adverse. Les débats s’animent vite, seulement interrompus de quelques pauses musicales et d’images d’époque projetées.

Thème du premier volet d’une tétralogie appelée à se poursuivre : le polémiste antisémite. Sont cités à comparaître des témoins à charge et à décharge : Cosima, Marx, Feuerbach, Meyerbeer, Mendelssohn ou… Hitler. Les arguments fusent, frappés avec vigueur, les passions s’enflamment et l’intérêt ne se relâche pas durant les deux heures et demie de cette soirée sans entracte (durée wagnérienne oblige !). De cette joute verbale, BHL tire peut-être le meilleur, qui sait trouver des images fortes ou des répliques contondantes, face à une défense qui parfois se perd dans les généralités, mais avec une certaine allure. La cause, il est vrai, est sur ce plan difficile à défendre… L’humour n’est toutefois pas absent au fil de ce procès d’estrade, même si le sujet du délit ne s’y prête guère, et si son auteur lui-même en était singulièrement dépourvu. Ovation finale et méritée pour les trois intervenants du tribunal.

En appel, les trois prochaines séances aborderont “ L’homme ” (31 janvier), “ L’artiste ” (30 avril) et un “ Best Of ” (12 mai). Acquittement ou condamnation ?… Le procès risque bien de ne pas se clore. Ni le débat.

Pierre-René Serna

“ Le Cas Wagner, le Procès Wagner ”, Grand Théâtre de Genève, 8 novembre 2013

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Photo : DR
 

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