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Le OFF des musiciens de l’Orchestre de Paris à la Philharmonie – Plaisirs partagés – Compte-rendu

En complément de la saison symphonique de l’Orchestre de Paris, des musiciens issus de cette phalange se produisent dans un ensemble à géométrie variable : le OFF des musiciens de l’Orchestre de Paris(1). Entrée en matière sur le thème « Résistance et exil » avec le quatuor constitué des violonistes Elsa Benabdallah et Fabien Boudot, de l’altiste Cédric Robin, du violoncelliste Florian Miller dans un programme exigeant qui fait la part belle à Arvo Pärt (photo), fêté par la Philharmonie le temps week-end à l’occasion de ses 80 ans.
 
On est saisi d’emblée par la fusion dont font preuve les quatre interprètes, offrant un jeu comparable à celui d’une formation constituée. La connivence, l’écoute mutuelle et une qualité de style jamais prise en défaut s’adaptent avec bonheur aussi bien à la version pour quatuor du célèbre Fratres de Pärt qu’au minimalisme éthéré de la brève pièce Summa du même auteur. Dans le Quatuor n° 1 « Métamorphoses nocturnes » de György Ligeti, leur lecture sensible, virtuose, proche des feulements subtils et de l’âpreté bartokienne témoignent d’un engagement et d’une fébrilité de ton qui se retrouvent dans l’exécution du 8e Quatuor de Dmitri Chostakovitch. L’urgence, l’intensité de cette partition composée en trois jours après la découverte des ruines de Dresde sont rendues avec une expressivité poignante et implacable (Allegro molto), une perfection d’archet et une justesse remarquables.
 

Jonas Vitaud © Jean-Baptiste Millot
 
Dans la salle de répétition de la Philharmonie I la semaine suivante, concert sur le thème « Une soirée chez Cocteau » autour du manifeste Le Coq et l’Arlequin dont des extraits sont lus avec conviction par le comédien Arnaud Denis. En solo, le flûtiste Bastien Pelat plante finement le décor dans la brève Danse de la chèvre d’Honegger. Le Quintette en sol mineur op. 39 (pour hautbois, clarinette, violon, alto et contrebasse) de Prokofiev, la Suite pour violon, clarinette et piano de Milhaud, la Pastorale pour violon, hautbois, cor anglais, clarinette et basson de Stravinski et surtout le Sextuor de Poulenc mettent particulièrement en valeur, aux côtés des cordes engagées, les talentueux souffleurs de la formation parisienne (la clarinette d’Olivier Derbesse, le hautbois d’Alexandre Cattet, le basson de Lola Descours, le cor d’Anne-Sophie Corrion, le cor anglais de Rémi Crouiller) qui pétillent de tous leurs feux dans des pages où le caractère roboratif et rythmique le dispute à la gouaille parisienne et aux déserts de l’âme. Le pianiste Jonas Vitaud apporte son concours et se fond avec bonheur dans une musique raffinée, d’une complexité faussement nonchalante. Des débuts très prometteurs qui laissent bien augurer d’une heureuse initiative à mettre à l’actif de l’Orchestre de Paris.

Michel Le Naour

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(1)Pour en savoir plus sur le OFF des musiciens de l’Orchestre de Paris : www.offdesmusiciens.com/agenda/19ayhw2f968putt1v6aq1y61ks6i64

 
Paris, Philharmonie II, Amphithéâtre, 20 septembre 2015 & Philharmonie I, Salle de répétition 1, 26 septembre 2015
 
 Photo (Arvo Pärt et les musiciens du OFF pendant la répétition) © Orchestre de Paris

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