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Le Jeune Orchestre Atlantique et le Jeune Chœur de Paris aux Invalides - La rareté et l’enthousiasme - Compte-rendu

Belle initiative que le Jeune Orchestre Atlantique (JOA), fondé en 1996 à l’initiative de Philippe Herreweghe et qui, depuis lors, forme des instrumentistes en fin d’études supérieures ou en début de carrière à la pratique du répertoire classique et romantique sur instruments d’époque. Installé à l’Abbaye aux Dames de Saintes, le JOA propose depuis la rentrée dernière, en collaboration avec le Département musique et musicologie de l’Université de Poitiers, un master (Civilisation Histoire Patrimoine et Sources, Recherche et pratique orchestrale) qui ne peut que renforcer son attractivité envers les musiciens.

L’automne du JOA aura été marqué par une tournée nationale, sous la direction de Christophe Coin, qui s’achevait par un concert parisien à la Cathédrale Saint-Louis des Invalides. Ce grand vaisseau est certes un peu trop vaste pour une telle formation mais on n’en a pas moins goûté le bel enthousiasme avec lequel l’orchestre-école a défendu un programme hors des sentiers battus, c’est le moins que l’on puisse dire.

La Symphonie n°1 en sol mineur de Joseph Wölfl n’est certes pas une pièce inoubliable, mais sa présence en début de concert rappelle que la mission du JOA, outre la pratique des instruments d’époque, est aussi de familiariser les étudiants avec une sensibilité musicale. La fréquentation d’un petit maître tel que ce pianiste compositeur, élève de Michael Haydn et de Leopold Mozart, n’est pas négligeable de ce point de vue. Après cette sage entrée en matière, on découvre le Grand Concerto Militaire op 40 de Jan Ladislav Dussek : le pianofortiste Luca Montebugnoli en souligne le volubile brio et la saveur, dans un final au parfum un peu rustique en particulier, bien secondé par Christophe Coin et ses jeunes troupes. Le ton se fait résolument dramatique ensuite lorsque le Jeune Chœur de Paris, partenaire du JOA pour cette tournée, rejoint la formation pour Le Jugement dernier (1788). Cette cantate française de Salieri, écrite pour le Concert Spirituel, est défendue avec un relief et une ardeur qui rachètent des imperfections bien excusables de la part d’un chœur et d’un orchestre d’étudiants.

La curiosité de l’auditeur est tout autant satisfaite en seconde partie avec les mouvements II & III du Concerto pour violoncelle de Peter Ritter (1763-1846) pour lequel Christophe Coin reprend l’archet. Prégnant lyrisme d’un mouvement lent sur le singulier accompagnement de trois trombones et des timbales, qui prélude à l’explosion de lumière d’un final « à l’espagnole » où tous s’en donnent à cœur joie. Wolfgang Amadeus Mozart : un nom célèbre referme la soirée, mais la rareté est une dernière fois de mise avec deux extraits de Thamos, roi d’Egypte ; un passage orchestral et un chœur pour lequel le JOA et le Jeune Chœur de Paris font une nouvelle fois alliance avec une belle plénitude.

Alain Cochard

Paris, Cathédrale Saint-Louis des Invalides, 10 novembre 2012

Site du Jeune Orchestre Atlantique : www.jeuneorchestreatlantique.org

> Vidéo du Jeune Orchestre Atlantique aux Invalides

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Photo : DR
 

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