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Leonardo García Alarcón dirige L’Orfeo de Monteverdi au Festival d’Ambronay – L’universel de la musique – Compte-rendu

Au cœur d’une tournée internationale et aux fins de célébrer dignement les 450 ans de Monterverdi, L’Orfeo fait étape à Ambronay, après un passage remarqué fin juin au Festival de Saint-Denis, des séries d’exécutions en Belgique et aux Pays-Bas, et avant de prochains voyages en Amérique du Sud. C’est la Cappella Mediterranea et le Chœur de chambre de Namur, sous la direction de leur chef coutumier Leonardo García Alarcón (photo), en compagnie d’un beau bouquet de solistes vocaux, qui en ont la charge. Un moment fort dans l’abbatiale, pour l’ouverture solennelle du festival.
 

© Bertrand Pichène

Alarcón avait déjà L’Orfeo à son répertoire, et ici même à Ambronay en 2013. Autant dire que les interprètes de ce concert possèdent l’œuvre sur le bout des doigts et des lèvres. Ce qui se sent et se voit, dans une prestation emportée des chanteurs, sans aucune partition, qui offre un jeu d’acteurs d’une irrésistible présence. Car l’investissement et l’engagement sont de la partie, comme neufs et hors de toute routine. Le chef-d’œuvre de Monteverdi en ressort flamboyant, presque pimpant, évitant l’écueil de la monotonie, entre les ritournelles, ariosos et récitatifs qui pourraient l’appeler. La battue énergique d’Alarcón, sans nul temps mort ni relâchement, porte la tension face à des instrumentistes éprouvés et un chœur dont l’excellence n’est plus à louer. 

© Bertrand Pichène
 
La distribution vocale répond d’un même élan. Valerio Contaldo dispense pour le rôle-titre une expression tourmentée qui ne fléchit pas, même lors d’ornements bien lancés. Mariana Flores lui offre une vibrante réplique, Euridice et Musica d’une mélancolie lisse. Giuseppina Bridelli intervient pour sa part comme la Messagiera de tous les tourments, avec un épanchement vocal d’un resplendissant impact dramatique. Notable apparition d’Anna Reinhold, Proserpina et Speranza d’un lyrisme joliment distillé. Et chacun des huit autres chanteurs solistes, certains puisés au Chœur de Namur, de présenter une caractérisation affirmée. Un Orfeo qui dépasse toute commémoration, pour atteindre à travers cette œuvre fondatrice, l’universel de la musique.
 
Pierre-René Serna

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Monteverdi : L’Orfeo (version de concert) – CCR d’Ambronay, Abbatiale, 15 septembre 2017 / Festival jusqu’au 8 octobre 2017 / www.ambronay.org
 
Photo Leonardo García Alarcón © Jean-Baptiste Millot

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