Journal

Les Coulisses de l’Opéra National de Paris de Laetitia Cénac et Laura Fissore (Ed. de la Martinière) – Dans les secrets de la Grande Boutique – Compte-rendu

 

On n’accèdera pas au mystère de la chambre jaune, mais  on découvrira l’armoire à ozone, qui trucide les bactéries sur les costumes, notamment en plumes, trop fragiles pour être nettoyés. C’est l’une des nombreuses jolies découvertes que l’on fait en feuilletant ce livre pour lequel la journaliste Laetitia Cenac s’est immergée dans l’immense boutique que représente l’Opéra de Paris. Ligne 8, donc et promenade de Garnier à Bastille pour toucher les innombrables petites et grandes mains qui viennent seconder de leurs talents trop ignorés, les grandes voix et les grandes silhouettes des chanteurs, musiciens et danseurs . Une série de notices bâties autour d’entretiens – le texte est d’ailleurs baptisé reportage – pour éclairer cet univers de derrière la scène, où officient choristes et éclairagistes, couturiers et cordonniers, responsables à tous niveaux pour coordonner ces corps de métiers unis par une passion que les grèves n’ont pas réussi à entamer. Le tout permet un tour d’horizon très complet, et plus encore, puisque Aurélie Dupont y figure encore en directrice de la danse, mais que José Martinez y paraît aussi, in extremis, et que Gustavo Dudamel, alors chef de file de l’orchestre, s’y exprime avec un enthousiasme qui ne laissait pas présager de son départ précipité. Pas remplacé, vite oublié.
 
Petites interviews de stars maison et d’artisans talentueux, avec aussi une percée vers l’Ecole de Danse de Nanterre dont Elisabeth Platel, sa directrice, définit les objectifs et la mission avec une clairvoyance et une intelligence qui n’étonnent pas. C’est donc une aventure très instructive et bourrée de détails précieux que ce voyage dans la fabrique de l’art, où l’on est juste un rien dérouté par la frappe un peu rugueuse de l’illustration de Laure Fissore dans des teintes souvent orange et brune, avec des silhouettes brossées comme pour un livre d’enfants. Elle crée un climat, certes, mais désappointe aussi : quelques couleurs vives pour l’Opéra Bastille, volontiers, mais le Palais Garnier sans ses lumières, ses ors et ses rougeoyances tapageuses, c’est surprenant. Heureusement, la maquette marie l’ensemble des textes et des dessins de façon très vivante, et c’est l’essentiel pour ce parcours aussi riche que ludique.
 
Jacqueline Thuilleux

 

Dans les coulisses de l’Opéra National de Paris, par Laetitia Cenac et Laure  Fissore (Editions de La Martinière, 224 pages, 32 €)
 

Partager par emailImprimer

Derniers articles