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Les Lauréats du 12ème Concours d’Orléans aux Bouffes du Nord – Sous le signe du Lion Compte-rendu

Organisé au Théâtre des Bouffes du Nord, le traditionnel concert parisien des lauréats du Concours international de piano d’Orléans revêtait cette année une solennité particulière. Cette douzième édition du concours (qui se tient tous les deux ans) marque en effet le départ de sa créatrice et directrice artistique, la pianiste Françoise Thinat – qui passe le relais à Isabella Vasilotta, mais demeure toutefois présidente de la compétition (1). Pendant plus d’un quart de siècle, son engagement, sa clairvoyance n’ont cessé de porter leurs fruits : le palmarès de cette année (2) en apporte une nouvelle preuve. La session 2016 a produit en effet un « grand cru » : le Japonais Tayuka Otaki (qui a remporté le Grand Prix Blanche Selva), le Français Philippe Hattat sont les dignes successeurs des vainqueurs précédents les plus prestigieux, de Toros Can à Imri Talgam, en passant par Christopher Guzman ou Wilhem Latchoumia. Plus en retrait, la jeune Arménienne Marianna Abrahamyan, a donné néanmoins du Carillon d’Orléans, pièce commandée à Philippe Hersant par le concours, une interprétation à toute volée, et de haute volée.
 
On attendait avec beaucoup d’intérêt Philippe Hattat, musicien-né, cachant sous une feinte placidité une malice et une pugnacité imparables. Il n’a pas déçu. D’un sang-froid impavide, il a démêlé et dominé magistralement les enchevêtrements rythmiques, les coq-à-l’âne dynamiques du 5ème Klavierstück de Stockhausen, l’un des plus démoniaques de la série.

Takuya Otaki © Etienne Gaume
 
Il revenait au lauréat japonais, Tayuka Otaki de conclure le concert, après l’avoir inauguré avec un impeccable Concerto pour neuf instruments d’Anton Webern, intégré à l’Ensemble Court-Circuit de Jean Deroyer. Consacré aux douze signes du zodiaque, le deuxième livre du second volume des Makrokosmos de George Crumb, donné en feu d’artifice final, a révélé un véritable homme-orchestre, se dressant pour frapper les cordes graves du clavier d’un à-plat de la main, y faire vibrer des verres à la façon des pianos préparés de John Cage, ou rugissant des onomatopées cabalistiques en jouant des coudes entre les touches. On ignore le signe astral de Tayuka Otaki, mais le Lion lui conviendrait très bien.
 
Gilles Macassar

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(1) www.concertclassic.com/article/12eme-concours-international-de-piano-dorleans-chercheur-dartistes

(2) www.concertclassic.com/article/12eme-concours-international-de-piano-dorleans-le-retour-du-japon-compte-rendu
 
Paris, Théâtre des Bouffes du Nord, 14 mars 2016

Photo (de g. à dr.) : Philippe Hattat, Marianna Abrahamyan et Takuya Otaki © Etienne Gaume

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