L’aventure a commencé en 2003, à l’initiative de François-Xavier Roth (photo) et au fil des ans la place de l’orchestre Les Siècles n’a cessé de grandir, en France comme au-delà de nos frontières, dans le domaine symphonique évidemment, mais pour des projets lyriques aussi, tel Pelléas et Mélisande, objet d’un enregistrement admirable et bientôt repris à Lille – on n’est pas moins est impatient du doublé Le Rossignol/Les Mamelles de Tirésias et du Vaisseau fantôme, en mars et mai respectivement.
 
Souplesse et dynamisme

De Rameau à la musique contemporaine, la variété du répertoire exploré par Roth et ses musiciens impressionne, tout comme celle de l’abondante discographie peu à peu constituée, d’abord pour Musicales/Actes Sud, puis, dans la très grande majorité des cas, chez Harmonia Mundi. Pas une seule formation symphonique permanente française ne saurait rivaliser en la matière avec le bilan des Siècles ... Belle illustration de la souplesse et du dynamisme dont un ensemble indépendant, au projet clairement défini, est capable.
 

© Hartmut Nagele
  
Ecouter les instruments
 
Les instruments d’époque ne sont pas que l’affaire des formations baroques. François-Xavier Roth et ses instrumentistes ont depuis toujours à cœur d’utiliser l’instrumentarium idoine pour retrouver les couleurs des œuvres. « Ces instruments nous dictent une certaine échelle de volume, d’articulation ; ils nous donnent une idée plus précise de l’enveloppe sonore que Ravel avait à l’oreille », confiait par exemple le chef à propos de l’orchestration des Tableaux d’une exposition de Moussorgski. (1)
 
Un 20e anniversaire aux couleurs françaises
 
De Berlioz à Debussy, de David à Saint-Saëns, de Dubois à Dukas et Ravel (dont, il y a peu, une version majeure des deux concertos pour piano sous les doigts de Cédric Tiberghien), la musique française occupe une place de choix dans le répertoire des Siècles et c’est d’ailleurs à partir d'elle que François-Xavier Roth a conçu le programme du concert anniversaire des 20 ans qui fait étape à Tourcoing, Beauvais, Paris, Aix-en-Provence et Lieusaint entre le 5 et le 12 janvier. Debussy (Prélude à l’après-midi d’un faune), Lalo (Namouna, 1ère suite), Roussel ( Bacchus et Ariane, 2e suite), Massenet (Scènes alsaciennes), Dukas (L’Apprenti sorcier) et Ravel (La Valse) : un merveilleux voyage d’un siècle l’autre se profile avec des pièces marquées par un art des timbres consommé. Et si plusieurs titres célèbres ont été retenus, on note avec bonheur la présence de deux compositions plus rares, infiniment séduisantes, signées Lalo et Massenet.
 
 

« Les Nuits de Paris »

Amour de la musique française et curiosité : Les Siècles et le Palazzetto Bru Zane étaient faits pour se rencontrer ; des enregistrements Dubois, David ou Saint-Saëns (un irrésistible Timbre d’argent !) en témoignent. La fin du mois de janvier verra s’ajouter une nouvelle référence à la liste, sous un titre emprunté à Rétif de La Bretonne : « Les Nuits de Paris ». D’aucuns ont en mémoire le «  Nouvel an à la française » que Roth et ses Siècles avaient offert le 2 janvier 2022 à la Philharmonie de Paris. (2) Loin de se limiter au plaisir du très nombreux public présent ce jour-là, ce concert, d’abord inspiré par le répertoire des bals du Second Empire mais dépassant largement cette période, trouvera un prolongement discographique (3) dès la fin du mois en cours avec la sortie d’un programme rassemblant des titres de Massenet, Hervé, Danglas, I. Strauss, Dubois, Waldteufel, Gounod, Joncières, Saint-Saëns, Thomas, Guiraud, Musard et Delibes. Fraîcheur, légèreté, élégance, inattendu : un grisant nectar, rendu d’autant plus délectable par le contexte du moment, passablement pesant nul n'en disconviendra.