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Miaskovsky retrouvé - Lydia Jardon en récital à l’Athénée

Lydia Jardon ? Ne comptez pas sur elle pour faire les choses comme les autres ! Créer un festival ? Lorsque l’idée lui vint il y a une dizaine d’années, c’est sur l’Île d’Ouessant que la pianiste décida de s’installer. Les moqueurs de moquèrent… « Boostées » par l’intelligente mutualisation des forces à laquelle les festivals bretons procèdent depuis cet été, les « « Rencontres de musiciennes d’Ouessant » sont aujourd’hui en passe de devenir l’une des destinations les plus « tendance » de la côte Ouest.

Choisir du répertoire ? Lydia Jardon n’aime rien tant que le défi et, souvent, la rareté. Après de très beaux enregistrements des Goyescas de Granados et des deux Sonates de Rachmaninov, la pianiste a plus récemment signé une intégrale de référence des Etudes de Scriabine. L’univers de la musique russe convient idéalement à l’ardeur et à la riche palette de couleurs de son jeu.

Lorsque Pascal Ianco, aux Editions du Chant du Monde(1), a communiqué à Lydia Jardon les partitions des Sonates de Nikolai Miaskovsky (1881-1950), le coup de foudre s’est produit entre l’interprète et la musique d’un immense compositeur trop oublié. De son collègue et grand ami - qui, comme lui ou Chostakovitch, fit les frais du « tir groupé » du sinistre camarade Jdanov en janvier 1948 - Prokofiev disait : « Tout ce qu’a écrit Miaskovsky est profondément personnel et d’une intuition psychologique admirable. Cette musique n’est pas de celles qui deviennent rapidement populaires. » Les œuvres de Miaskovsky furent assez souvent jouées en Europe occidentale et aux Etats-Unis durant l’entre-deux-guerres, mais depuis on a hélas perdu de vue un compositeur qui mérite franchement d’être (re)découvert.

Le maestro Evgeny Svetlanov a beaucoup fait pour lui et l’on dispose d’une intégrale des 27 Symphonies sous sa fervente baguette (16 CD Warner). Désormais on rangera tout près de ce volumineux coffret le récital Miaskovsky de Lydia Jardon(2). Avec les Sonates n°2 et 3 - encore post-scriabiniennes par bien des aspects - et la 4ème, il constitue en effet le plus bel enregistrement de piano miaskovskien disponible aujourd’hui et présente de surcroît les trois sonates les plus séduisantes du compositeur parmi les neuf qu’il lègue.

Exceptionnellement abouti ce CD est les des événements discographiques de la rentrée et méritait d’être accompagné d’un récital. Lydia Jardon sera sur la scène du Théâtre de l’Athénée, lundi 28 septembre dans un programme Beethoven-Miaskovsky où la Sonate n°4 du Russe sera mise en regard de la Sonate n°31, tandis que la brûlante Sonate n°2, hantée par le thème du Dies irae, répondra à la fièvre de l’Appassionata. Un programme dont la cohérence et l’équilibre ne font que renforcer l’attrait.

Alain Cochard

(1) Pour en savoir plus sur Miaskovsky et nombre d’autres compositeurs, russes mais pas seulement, on consultera avec profit le site des Editions du Chant du Monde : www.chantdumonde.com/fr/editions
(2) Un récital disponible comme tous les enregistrements de Lydia Jardon sous le label AR RE-SE (dist. Codaex) / www.lydiajardon.com/discographie_fr.html

Récital Lydia Jardon
Lundi 28 septembre – 20h
Paris - Théâtre de l’Athénée
7, rue Boudreau – 75009
Tél. : 01 53 05 19 19
www.athenee-theatre.com

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Photo : DR
 

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