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Missa pro Victoria de Tomás Luis de Victoria par Doulce Mémoire au Festival d’Ambronay – Fastueux cérémonial – Compte-rendu

Pour clore avec ampleur son premier week-end, le Festival d’Ambronay fait appel à Denis Raisin Dadre (photo) et son ensemble Doulce Mémoire pour la peu ordinaire mais impressionnante Missa pro Victoria, de T.L. de Victoria (c.1548- 1611) précisément. En l’espèce, ce sont trois formations musicales qui interviennent : neuf chanteurs de l’ensemble (puisque Victoria reprend les neuf voix traditionnelles du chœur angélique) pour les parties polyphoniques, un groupe instrumental de dix musiciens associant chalemines, sacqueboutes et autres doulçaines (forme de hautbois originaire d’Espagne), mais aussi la dizaine de chanteurs venus des Chantres de l’Abbaye royale de Saint-Riquier pour des parties de plain-chant. Le tout, dans une répartition spatiale et des processions où les échos musicaux se répondent. Rituel de fête et cérémonial fastueux, qui correspondent à l’aspect théâtral tel qu’il se pratiquait dans les grands moments religieux de l’Espagne du temps (la Missa a été publiée en 1600).

© Bertrand Pichène
 
L’acoustique claire de l’abbatiale d’Ambronay résonne idéalement de ces chants et musiques combinés, dans un spectaculaire qui le dispute à l’attrait musical. Puisque Tomás Luis de Victoria réserve bien des délectations inspirées pour sa polychorale Messe des victoires, mêlant esprit des batailles et spiritualité. Denis Raisin Dadre mène tout ce beau monde, en prêtant à l’occasion sa battue à d’autres intervenants de l’ensemble, dans une manière de perfection alliée à une élévation de circonstance. Comme une plongée dans un autre temps, pour un moment hors du temps, digne de la portée d’une œuvre de splendeurs.
 
Pierre-René Serna

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CCR d’Ambronay, Abbatiale, 17 septembre 2017 / Festival d’Ambronay, jusqu’au 8 octobre 2017 www.ambronay.org

Photo Denis Raison © Bertrand Pichène

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