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Montpellier - Compte-rendu - Lully en toute lumière, Roland par les Talens Lyriques et Christophe Rousset

Relativement peu représenté, le Roland de Lully était ici donné dans la salle du Corum, à Montpellier. Opéra en cinq actes, l’œuvre s’inspire bien évidemment du célèbre Orlando Furioso, le fameux poème de l’Arioste.

Donné pour la première fois à Versailles en 1685, l’œuvre fût sans aucun doute commandée par le Roi Louis XIV qui proposa le sujet, et à qui elle fut dédicacée. Occasion rêvée pour louer le monarque (garant de la paix et de la sécurité, emblème d’un patriotisme sans précédent), l’ouvrage se divise en deux parties. Si la première plante le décor et accorde la primauté aux aventures audacieuses de la reine de Cathay, Angélique, et de son amant Médor (qui lui est de lignage inférieur), la seconde met en scène le héros Roland. Moins furieux que chez Vivaldi, moins fou et moins sauvage, c’est davantage sous le signe lyrique que se positionne le personnage. Plus de tendresse et de désespoir, moins de délire en somme.

C’est d’ailleurs dans la même optique que Christophe Rousset et sa fidèle équipe des Talens Lyriques abordent ces pages. Secondé par le remarquable Chœur de Lausanne, le chef nous a ce soir là offert un Lully tout de finesse et de subtilité. Si les dynamiques orchestrales n’étaient pas de mises (et sans doute aussi masquées par l’acoustique un rien sèche de la salle), le tout fut fort bien mené, si l’on s’en réfère à la consistance du recueil. Un geste un peu précipité, mais des attaques précises, un léger manque de souplesse dans l’enchaînement des scènes mais du caractère dans la direction, de la lucidité et de la cohérence dans la vision globale de l’œuvre définissent assez bien cette version, côté instrumental.

Quant à la palette soliste, on dira en un mot qu’elle fut joliment composée. En effet, les deux rôles titres, Angélique et Roland, respectivement incarnés pas Nicolas Testé et Anna-Maria Panzarella ont littéralement subjugués la salle. Une justesse et une diction parfaite, conjugués à une fervente expressivité ont réunis ces deux chanteurs au travers du livret. A leurs côtés, des artistes de moins d’éclat, mais à l’expérience certaine, comme Monique Zanetti ou Olivier Dumait, très à l’aise, bien qu’ayant moins de voix… A noter également la présence de Salomé Haller, nouvelle diva des scènes actuelles, et ici fée de l’enchantement, dans un rôle dont la tessiture sans risque ne pouvait que lui apporter son succès.

Bref, une belle version, solidement menée, que l’on aimerait bientôt pouvoir ré-entendre au disque !

Coralie Welcomme

Le 15 janvier à 20h au Corum dans le cadre de la Saison de l’Opéra National de Montpellier. Nicolas Testé (Roland), Olivier Dumait (Médor), Anna-Maria Panzarella (Angélique), Monique Zanetti (Témire), Robert Getchell (Astolphe), Salomé Haller (La fée principale/Logistille), Evguenyi Alexei (Ziliante/Demogoron), Emiliano Gonzalez-Toro (un insulaire/Tersandre), Anders Dahlin (un insulaire/un suivant d’Angélique/un pâtre/Coridon), Delphine Gillot (une suivante d’Angélique), Marie-Hélène Essade (une amante contente), Chœurs de l’Opéra de Lausanne, Les Talens Lyriques, direction Christophe Rousset.

Photo : DR
 

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