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Nikolai Lugansky en récital au théâtre de Champs-Elysées – Grand style – Compte-rendu

A l’occasion de son récital annuel dans le cadre de Piano aux Champs-Elysées, toujours suivi par un public nombreux et fidèle, Nikolai Lugansky a choisi de confronter Tchaïkovski et Chopin, deux compositeurs qui, malgré leur tempérament romantique, ont toujours affirmé un attachement au classicisme.
 
Le pianiste russe ne donne jamais dans la démonstration par son attitude très contrôlée en scène. En première partie de soirée, le cycle des Saisons de Tchaïkovski–  douze pièces correspondant chacune à un mois de l’année qui, malgré les différences d’humeurs et de climats, ne résistent pas à la durée sous tous les doigts – réussit à intéresser non seulement par la plasticité du jeu, mais surtout par un habile art de la construction. Une gageure dans cette salle qui ne se prête pas à l’intimité du salon et demande beaucoup de concentration de la part des auditeurs. Le silence qui règne est tout à fait révélateur.

Après l’entracte, on entre dans un autre univers avec Chopin, celui du grand piano. D’habitude sur son quant-à-soi, volontiers hautain, Lugansky sort de ses gonds et livre de la Polonaise-Fantaisie une vision aussi maîtrisée qu’expressive et sensible. Le bouquet de quatre mazurkas qui suit laisse sourdre mélancolie et poésie derrière la parfaite tenue stylistique.
Quant à la Barcarolle, elle devient une fresque édifiée par une souveraine maîtrise du discours, et la 4ème Ballade, picturale et sculptée avec un art consommé du rubato, voit le soliste s’engager dans une coda endiablée à la virtuosité transcendante. Une forme de quintessence.
 
Michel Le Naour

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Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 23 mai 2017

Photo © Marco Borggreve

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