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MUSIQUE A BORDEAUX - Paul Daniel, Directeur musical de l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine – « Le potentiel de l’orchestre est énorme»
The right man, in the right place, at the right time : la formule s’applique on ne peut mieux à Paul Daniel dont l’arrivée à l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine compte parmi les faits marquants de la vie des orchestres français depuis le début de la décennie.
C’était il y cinq ans : chef invité de l’ONBA, Paul Daniel dirigeait la 5ème Symphonie de Prokofiev et le Concerto pour violoncelle d’Elgar (avec Gautier Capuçon en soliste) au Palais des Sports. Cette soirée est encore dans les mémoires des mélomanes bordelais comme des musiciens de l’orchestre, et elle aura beaucoup pesé dans le cours de la recherche, déjà amorcée à l’époque, d’un successeur à Kwamé Ryan (en poste depuis 2007).
« C’était l’homme qu’il nous fallait », dit Charles Guivarch qui en était alors à sa toute première saison en tant qu’administrateur artistique de l’ONBA. Directeur général de l’Opéra de Bordeaux, Thierry Fouquet perçoit immédiatement que P. Daniel est la personnalité idoine, la « perle rare », le chef d’expérience à son aise dans le symphonique comme le lyrique, la baguette dont la formation à besoin pour que s’effectue dans les meilleures conditions la transition du Palais des Sports au nouvel Auditorium alors en construction (il sera inauguré en janvier 2013).
Les avis convergent : les musiciens ont eux aussi éprouvé un vrai coup de cœur pour P. Daniel et l’ont placé dans la short list que la direction de l’ONBA, leur a demandé de lui remettre. Au terme de la procédure de sélection, le choix entre les projets des tout derniers postulants en lice est effectué et la nomination officielle du nouveau directeur musical intervient en juin 2013.
« C’est une chance pour moi que d’être arrivé à ce moment, nous confie P. Daniel. Le potentiel de l’orchestre est énorme et j’ai vraiment envie de lui donner le meilleur de moi-même ». Et de lui faire profiter de l’expérience d’un artiste qui se souvient du nombre d’orchestres où, dans sa jeunesse de chef invité, il entendait sans cesse répéter “la direction nous a dit que.“ « J’avais l’impression de gamins dans une cour d’école », se moque-t-il.
« Être chef permanent, c’est faire partie d’une famille, avec une responsabilité partagée, pour faire face aux grand moments, comme à ceux plus difficiles. » Dialogue : telle est pour P. Daniel la clef du fonctionnement d’un orchestre moderne. Exigeant dans le travail, l’artiste britannique est aussi l’être le plus accessible et le plus ouvert à la discussion qui se puisse trouver.
Une évidence, il a permis aux musiciens de l'ONBA d'apprivoiser au mieux l’acoustique de l’Auditorium, « extrêmement fidèle aux intentions musicales » mais qui a réclamé un gros travail d’adaptation - et l'abandon de certaines habitudes héritées de l’époque du Palais des Sports ...
En moins de deux saisons, P. Daniel a déjà imprimé sa marque à la sonorité de l’orchestre (on en veut pour preuve la superbe Damnation de Faust proposée en version de concert en février dernier, sans parler d'un récent Tristan) et… donné envie aux mélomanes bordelais de suivre avec attention la belle aventure humaine et artistique qui a débuté avec son arrivée dans la capitale d’Aquitaine.
Le projet « Tutti ! Place de la Comédie » est une parfaite illustration de l’état d’esprit d’un directeur musical qui refuse que l’ONBA soit placé sur un piédestal et souhaite que chaque Bordelais en fasse « son » orchestre. En s’inspirant d’une 9ème Symphonie de Beethoven qu’il avait donnée à Londres pour la réouverture du Royal Festival Hall avec 600 choristes, P. Daniel dirige le 4ème mouvement de cette même œuvre le 13 juin à 21h (1), Place de la Comédie, avec Elza van den Heever, Jennifer Holloway, Issachah Savage, Paul Gay, le Chœur de l’Opéra de Bordeaux, des chœurs amateurs et toutes les personnes qui souhaiteraient s’associer au projet. Partant ? RDV à 19h30 pour la répétition générale !
Alain Cochard
(Entretien avec Paul Daniel réalisé le 21 février 2015)
(1) La 9ème Symphonie sera par ailleurs donnée dans des conditions « normales », avec les mêmes solistes et le Choeur de l'Opéra à l’Auditorium les 12 et 14 juin, précédée de la création mondiale d’une cantate de Guillaume Connesson
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