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Philippe Cassard et le Trio Elégiaque aux Semaines Musicales de Quimper - Passion didactique et équilibre souverain – Compte-rendu

Philippe Cassard

Programmation concentrée sur neuf jours cette année pour les Semaines Musicales de Quimper que préside désormais le pianiste Andoni Aguirre (un disciple de Bruno Rigutto) et dont le compositeur Christian Lauba assure la direction artistique. Récitals de piano, musique de chambre, répertoire baroque et contemporain, jazz, soirées cabaret entre Berlin et Broadway se succèdent entrecoupés de conférences, de films, d’animations pour enfants et d’attractions sonores (comme le « Sonophore » aux 56 haut-parleurs, conçu par Philippe Olivier et installé en permanence sur la place Saint-Corentin).
 
Un concert de Philippe Cassard (photo) ne ressemble à aucun autre tant le pianiste français convoque à la fois son expérience de producteur sur France Musique (en présentant au micro avec faconde et culture les œuvres qu’il interprète) et son art du clavier. Récital en deux temps qui débute par des Variations sur un Menuet de Duport KV 473 de Mozart, suivies de celles sur un thème original, op. 34 de Beethoven, puis des Variations Sérieuses de Mendelssohn. Engagé, expressif, le soliste trouve sa pleine mesure en seconde partie dans la Sonate en la majeur D. 959 de Schubert, d’une totale liberté stylistique, avec une prise de risques qui culmine dans l’Allegretto final, tendu comme un arc. Deux des Impromptus op. 90 du même auteur en bis : la boucle est bouclée.
 
En clôture de festival, le Trio Elégiaque (Philippe Aïche, Virginie Constant et François Dumont) rend toute sa dimension ludique au Trio n° 4 op. 11 de Beethoven et anime avec énergie et poésie le rare Trio en sol mineur de Chausson aux chromatismes envoûtants. Dans le Trio op. 100 de Schubert, les interprètes rivalisent de lyrisme, de naturel, d’allégresse et de densité (la riche palette sonore du pianiste, le contrôle souverain de la violoncelliste dans l’Andante con moto, la musicalité du violoniste). En bis, ils mettent leurs qualités de chambristes au service d’un extrait du final de Ma Mère L’Oye (transcrit par Philippe Aïche) et du Pantoum du Trio de Maurice Ravel. Des moments de pur bonheur.
 
Michel Le Naour
 
Quimper, Théâtre de Cornouaille, 18 et 20 août 2015

Photo Philippe Cassard © Jean-Baptiste Millot

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