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Rémi Geniet au Festival Chopin de Bagatelle –Profondeur et style – Compte-rendu

Pour sa 33e édition, le Festival Chopin de Bagatelle, sous le titre évocateur « Des lauriers pour Chopin », a choisi pour la première fois de son histoire de braquer le projecteur uniquement sur les jeunes lauréats des Concours internationaux. Rémi Geniet, Second Prix Reine Elisabeth 2013, conduit sa carrière avec autorité, et son récital porte incontestablement la marque d’un artiste réfléchi qui ne se contente pas d’aborder un répertoire démonstratif, mais se confronte aux grandes pages de la littérature pianistique.
 
Deux sonates de Beethoven ouvrent le concert : n° 9 op. 14 n° 1, contemporaine de la « Pathétique », et n° 31 op. 110 où l’auteur jette les derniers feux de sa création. Le soliste parcourt avec maîtrise et plénitude de phrasé des œuvres dont il parvient à dégager le caractère improvisé et la liberté de ton. Main gauche impressionnante, contrastes maîtrisés, sens de la construction se conjuguent à une clarté textuelle qui souligne l’aisance à aborder la grande forme (la fugue finale de l’Opus. 110 est traitée avec un art proche de Jean-Sébastien Bach).
 
La Sonate n° 3 de Chopin séduit par sa qualité de diction, l’art de raconter sans jamais se perdre dans un rubato excessif. La simplicité et le naturel comme la réflexion sur la construction trouvent leur expression la plus aboutie dans le final mené avec implacabilité rythmique et contrôle absolu du tempo.
Bis subtils et élégants avec la transcription de la Berceuse de Tchaïkovski par Rachmaninov et le Scherzo de la 2ème Sonate de Beethoven. Rena Shereshevskaya, qui fut le professeur de Rémi Geniet à l’Ecole Normale de Musique, manifestait son acquiescement face à la prestation très réussie d’un artiste au jeu profond et au style sans reproche. 
 
Michel Le Naour

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Paris, Orangerie du Parc de Bagatelle, 10 juillet 2016

Photo © Marc Roger / La Folle Journée

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