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Rentrée de l’Opéra de Paris - Tiercé d’ouverture

Une nouvelle production et deux reprises ouvriront coup sur coup la première saison parisienne de Nicolas Joel. Equilibre un peu funambulesque dont les choix sont éclairants. Le Directeur lui même aux commandes pour cette Mireille que Paris retrouve enfin après plus de vingt ans d’absence, puis deux spectacles diversement appréciés : un des temps fort de l’ère Mortier, le Wozzeck décidément étrange mais prenant de Marthaler, et l’inoxydable, charmant, mais vraiment très décoratif Barbier de Séville de Coline Serreau dont au fond on goûte surtout les décors de Stehlé et Fontaine. Du tragique sombre sauce Regietheater puis du léger-glamour-chic. Un peu le coq-à-l’âne, mais n’est-ce pas cela au fond une saison ?

Voilà en tout cas qui entend bien nous changer de l’esprit de festival permanent imposé par Gérard Mortier. On peut parier que Nicolas Joel restera fidèle, à travers Gounod, à Mistral et à sa « Mirèio». Décors probablement réalistes, direction d’acteur plus pour l’opéra que pour le théâtre, une sorte de tradition perdue se ré-instaurera-t-elle, promise intrinsèquement par le répertoire ? Dans la fosse, Marc Minkowski voudra retrouver le vrai visage de Mireille en faisant confiance à la remarquable mise au net effectuée par Busser à la demande de Reynaldo Hahn, la distribution promet – Mula, le Vincent de Castronuovo, l’Ourrias de Ferrari, le Ramon de Vernhes, surtout la Taven de Brunet, Gillet, Droy, Cavallier, Brahim-Djelloul, tous forment mieux qu’un cast, une troupe.

Marthaler reviendra-t-il pour régler son délicat Wozzeck ? Il le faudrait car le spectacle, porté par une direction d’acteur millimétrée - et géniale - est de ceux qui peuvent se vider soudain si l’esprit du créateur ne revient pas y souffler. Mais entre le Wozzeck si attendu de Vincent Le Texier (un Golaud, alors que son prédécesseur, Simon Keenlyside était un Pelléas, la différence est d’importance) et la Marie de Waltraud Meier, le drame est déjà consommé par la simple stature de ses protagonistes.

Pour le Barbier de Séville, pas de surprises : la jolie machine de Coline Serreau ne sera pas troublée par l’exemplaire trio de tête : l’Almaviva de Siragusa, les Figaro de Petean puis de Jenis, la Rosine de Karine Deshayes surtout garantissent le plaisir. Décidément en quelques journées de septembre, tous les goûts seront comblés.

Jean-Charles Hoffelé

Charles Gounod, Mireille, Palais Garnier, les 14, 19, 22, 26, et 30 septembre, puis les 2, 5, 7, 11 et 14 octobre 2009.

Alban Berg : Wozzeck, Opéra Bastille, les 17, 20, 23, 26, 30 septembre et le 2 octobre 2009

Gioacchino Rossini : Le Barbier de Séville, Opéra Bastille, les 18, 21, 24, 27 septembre, puis les 5, 7, 11 et 14 octobre 2009, reprise en mars et avril 2010

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Photo : Opéra de Paris/ERIC MAHOUDEAU
 

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