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Résidence aixoise pour les formations de Radio-France - Une interview de Dominique Bluzet, directeur du Grand Théâtre de Provence


En résidence au Grand Théâtre de Provence jusqu’en 2013, les formations de Radio France ont noué une relation originale avec le public aixois dans le cadre d’un projet faisant appel aux musiciens amateurs. Directeur du GTP, Dominique Bluzet répond à concertclassic.

Comment la résidence des formations de Radio France au GTP s’est-elle mise en place ?

Dominique Bluzet : Quand le Grand Théâtre de Provence a été inauguré, nous avons constaté que le fait de ne pas avoir un « Orchestre National de Provence » ou une structure de cette nature était un handicap. Une demande très forte de musique symphonique s’exprime ici  ; on peut évidemment faire venir un certains nombre d’ensembles mais mener un travail en profondeur sur le long terme est forcément plus compliqué. J’ai un jour frappé à la porte de Radio France en leur disant que nous disposions désormais du GTP, d’un public important et qui nous serions heureux de travailler avec Radio France. Radio France est un des lieux de l’excellence musicale dans notre pays ; ce sont des formations complémentaires (Orchestre National, Philharmonique, Chœur, Maîtrise) ; une capacité à imaginer des projets plus larges que ceux limités à un simple orchestre.

J’ai rencontré Marc-Olivier Dupin – un Aixois - juste après son arrivée à la direction de France Musique et de la musique à Radio France. Immédiatement nous nous sommes dit qu’il y avait une idée à creuser. J’étais très volontariste ; nous avons commencé à rêver d’une résidence avec différents projets sur une période d’une semaine/dix jours tous les ans pendant quatre ans.

Au bout du compte une convention a été signée avec Marc-Olivier Dupin et Jean-Luc Hees ; signature qui a eu lieu à l’Assemblée Nationale en présence de Maryse Joissains-Masini, Député-maire d’Aix-en Provence, afin de bien marquer que la ville d’Aix et le GTP étaient choisis par Radio France pour tenter une aventure qui est aussi de sortir des murs du théâtre – ce qui s’exprime avec le projet sur les pratiques amateurs. Ce n’est pas seulement Radio France qui vient présenter un concert, c’est aussi un travail qui est fait toute l’année, entre nous et eux, en direction d’habitants de notre territoire.

Comment s’organise ce volet impliquant les musiciens amateurs ?

D. B. : Nous avons proposé à des gens entre 7 en 77 ans, ayant au moins un an de pratique amateur, de s’inscrire. Nous avons reçu 250 réponses (alors que nous ne pouvions accueillir qu’une soixantaine de personnes) avec des instruments très différents, parfois assez rares (bandonéon, etc.). Dans un premier temps un choix a été fait sur la typologie d’instruments qui était possible. A partir de là, une relation a commencé à se mettre en place avec les musiciens qui ont été choisis et nous sommes en train d’en établir une avec ceux qui n’ont pas été retenus. Je crois fondamentalement qu’une salle comme le GTP doit entretenir une relation forte avec les musiciens amateurs, parce qu’ils sont des prescripteurs importants auprès du public. Il est vital pour une salle comme la nôtre de maintenir un lien avec les amateurs.

Des instrumentistes de Radio France viennent régulièrement à Aix pour des séances de travail avec les musiciens retenus et ceci nous amènera au concert du lundi 7 mars 2011 (retransmis sur France Musique) au cours duquel ces amateurs s’associeront aux membres de l’Orchestre National de France pour un programme dirigé par Takuo Yuasa. Ce concert avec les amateurs sera suivi, le lendemain, d’un concert de l’Orchestre National et, le 11 mars d’une soirée avec le Chœur de Radio France (autour d’œuvres de Robert et Clara Schumann).

Quels sont vos projets d’ici à la fin de la résidence en 2013 ?

D. B. : Cette saison, le projet avec les amateurs d’organise autour des instruments, mais en 2011-2012 nous envisageons une expérience comparable avec le Chœur de Radio France.

Sur cette même période, dans le domaine instrumental, nous travaillerons probablement sur de la musique russe. En 2013, au moment où Marseille sera capitale européenne de la culture, nous irons dans des directions qui permettront de découvrir d’autres palettes de l’Orchestre National ou de l’Orchestre Philharmonique (création contemporaine, etc.). Cette résidence est aussi un parcours, une façon de montrer au public que les formations de Radio France sont une structure protéiforme qui travaille sur de grandes œuvres classiques mais peut aussi nous entraîner sur des territoires plus méconnus.

Propos recueillis par Alain Cochard, le 22 novembre 2010

Site du Grand Théâtre de Provence : www.legrandtheatre.net

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Photo : Dr

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