Après le Teatro Comunale de Florence (2000-2004), le Teatro Colón de Buenos Aires (2004-2009), c’est au San Carlo que Salvatore Caputo exerçait il y a peu encore ses activités. Compliquée, on le sait, la vie lyrique italienne en ce moment : l'artiste a quitté le célèbre théâtre de sa ville natale, « un peu fatigué par la situation », pour prendre la direction du Chœur de l’Opéra de Bordeaux, succédant à Alexander Martin en novembre dernier. A en juger par La Damnation de Faust et le Tristan et Isolde entendus depuis le début de l’année, le courant passe.
Mais le mode de travail change pour un artiste « qui était habitué, à Buenos Aires comme à Naples, à diriger un grand chœur de près d’une centaine de personnes. » A Bordeaux il a la charge d’une formation d’une quarantaine de membres, ce qui implique « une technique de chant différente, moins axée sur la puissance, plus sur la justesse. »
 

Choeur de l'Opéra de Bordeaux © Sigrid Colomyes
 
Quotidiennement il retrouve ses chanteurs avec le dessein de « construire un son ». Son travail s’appuie sur la pédagogie de la voix et la pratique de répertoires variés afin « d’accroître la flexibilité du chœur ». Parmi les œuvres abordées, celles de Bach et les musiques a cappella de Debussy, Ravel ou Poulenc constituent d’irremplaçables bases. Après La Damnation et Tristan, il tarde au chef d’aborder Norma, qui referme la saison de l’Opéra de Bordeaux du 22 mai au 9 juin : « une œuvre très importante pour moi dans la construction du son que je cherche.»
 
En ouverture de saison, S. Caputo a collaboré pour la première fois de sa carrière avec Paul Daniel dans La Bohème. « J’ai éprouvé un grand bonheur, confie-t-il. P. Daniel a aussi une formation de chef de chœur, il connaît très bien la voix et comprend immédiatement ce que je recherche. »
La force d’enthousiasme du directeur musical de l’Orchestre national Bordeaux Aquitaine a d’ailleurs su convaincre son chef de choeur de le suivre dans un projet de concert participatif pour le moins ambitieux : « Tutti ! Place de la Comédie ». Le 13 juin à 21h P.Daniel dirigera le dernier mouvement de la 9e Symphonie de Beethoven avec son orchestre, le Chœur de l'Opéra, des chœurs amateurs et… tous ceux qui souhaiteraient prêter leur voix au projet.

Peu après, Savatore Caputo et sa formation prendront part à un nouvel événement de la scène musicale bordelaise et aquitaine, Eufonia. Du 19 au 27 juin, ce grand rendez-vous international de chant choral, placé sous la direction artistique de Nestor Zadoff, rassemblera 1000 choristes et 28 ensembles vocaux.
 
Quant à la saison prochaine, outre les productions de l’Opéra, on retrouvera aussi le Chœur dans le cadre des Midis Musicaux. Des rendez-vous mensuels sur lesquels Salvatore Caputo compte beaucoup pour «toucher un public différent » et lui faire découvrir les trésors souvent méconnus du répertoire choral.
 
Alain Cochard