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Trois questions à Jean Bellorini, metteur en scène de David et Jonathas au Théâtre de Caen - « Sébastien Daucé et moi sommes très complémentaires »

 
Pour l’ouverture de la saison du Théâtre de Caen, Sébastien Daucé, le chef en résidence avec son ensemble Correspondances, et le metteur en scène, Jean Bellorini, frappent les trois coups avec David et Jonathas (1688) de Marc-Antoine Charpentier. A l’origine, l’œuvre comportait une pièce de théâtre (Saul d’Etienne Chamillard), aujourd’hui perdue. Pour cette création « maison », un nouveau texte a donc été imaginé par Wilfried N'Sondé. Un spectacle à découvrir les 9 et 11 novembre à Caen, et que l’on retrouvera à Nancy, Paris et Luxembourg entre janvier et avril 2024.
 

 

Jean Bellorini en répétition © Philippe Delval - Théâtre de Caen

En quoi ce projet est-il unique, passionnant et délicat ?

Toute aventure artistique est unique. On recommence toujours à zéro. On ne construit jamais rien, si ce n’est le doute. C’est unique aussi, parce que c’est une première pour moi avec Sébastien Daucé et ses chanteurs. L’aventure est passionnante, parce que la liberté m’a été donnée, grâce à Patrick Foll, le directeur du théâtre de Caen, de réhabiter l’œuvre dramatique, l’histoire de Saul, dont le texte original est perdu. C’est une tragédie qui résonne très fort dans notre monde et pas seulement au Proche-Orient. Dès le début du projet, il y a dix-huit mois, je n’ai pas voulu réduire ou identifier une situation ou un lieu précisément, mais au contraire l’universaliser. L’entreprise est délicate, parce que l’œuvre n’est pas simple – David et Jonathas est porté par des états d’âme beaucoup plus que par une action qui avancerait. Dans le sens positif, cette œuvre est délicate car elle a un sens très sacré. La délicatesse est donc à rechercher y compris dans la mise en scène.
 
Ce David et Jonathas est-il un spectacle hybride, à mi-chemin entre théâtre et opéra, comme c’était le cas à l’origine ?
 
Le texte de Wilfried N'Sondé est plus un contrepoint que la volonté d’être en harmonie avec la partition de Charpentier. C’est une fable poétique fidèle à œuvre. Je n’aime pas le terme de livret théâtral :  il y a l’œuvre telle qu’elle est, il y a David et Jonathas et moi qui fais une mise en scène avec un peu plus de liberté. Quand je fais du théâtre, je pense musique et quand je mets en scène un opéra, j’essaie d’amener de la théâtralité dans la musique.
 

Sébastien Daucé en répétition © Philippe Delval - Théâtre de Caen
 
Comment avez-vous travaillé avec Sébastien Daucé ?

Pour commencer, c’est Sébastien Daucé qui m’a convaincu de mettre en scène David et Jonathas. Aujourd’hui j’adore cette œuvre, ce qui n’était pas totalement le cas au début, car elle me dépassait un peu et je me demandais ce que j’allais pouvoir en faire, même si la deuxième partie est magnifique. J’étais moins touché par les trois premiers actes. D’emblée, il y a eu une entente et une disponibilité de la part de Sébastien ; un véritable échange. Pendant les répétitions musicales, je suis présent et j’interviens, et il fait de même pendant les scéniques. Nous sommes très complémentaires et pour moi, c’est absolument fondamental.
 
Propos recueillis par Thierry Geffrotin le 31 octobre 2023
 

 Marc-Antoine Charpentier : David et Jonathas. Nouvelle production en création au théâtre de Caen, 9 et 11 novembre 2023 / www.ensemblecorrespondances.com/concerts/david-jonathas/

En tournée :
- Opéra national de Lorraine (14, 16 et 18 janvier 2024)
- Théâtre des Champs-Élysées Paris (18 et 19 mars 2024)
- Grand Théâtre de la Ville de Luxembourg (26 et 28 avril 2024).

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