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Vénus et Adonis de John Blow à l’Opéra Comique - A la source de l’opéra anglais

Eminent organiste et pédagogue, John Blow (1649-1708) fut le modèle même du compositeur à qui tout réussit. Ainsi parvint-il au faîte des honneurs en 1700, étant le premier à occuper le poste envié de Compositeur officiel de la Chapelle royale. Ce qui ne l'empêcha pas de céder généreusement à son cadet Purcell le poste d'organiste de la Westminster Abbey ; une charge qu'il retrouvera en 1695 à la mort de l'Orphée britannique. Reste que pour la postérité, il est d'abord l'auteur du mask Vénus et Adonis, premier opéra anglais de l'histoire. Un titre qui ne convient qu'à moitié à cette œuvre hybride, pleine de grâce et de noblesse, certes, mais comme taillée dans un habit trop large et tenant plus du divertissement de cour que du semi-opéra, autre terme utilisé par les spécialistes pour désigner ce genre spécifiquement insulaire.

Donné en 1683 devant Charles II qui ne songeait qu'à égaler Versailles, l'ouvrage a acquis très vite une dimension emblématique et ... quasi familiale (à la première représentation, la maîtresse du roi était Vénus et leur fille jouait Cupidon). Aussi bien, de ces circonstances historiques une manière de gloire poétique lui est restée, à défaut d'égaler le génie musical du Didon et Enée purcellien qui, dramatiquement, lui doit beaucoup.

En tout cas, de vrais atouts présidaient, cet automne, au réveil, au Théâtre de Caen, de ce chef-d'œuvre en devenir. Une exhumation qui, ces jours prochains, reprend du service, si j'ose dire, à l'Opéra Comique, associée à l'Ode à Sainte-Cécile du même Blow, proposée en guise de Prologue. C'est Louise Moaty qui a retravaillé ici texte et musique selon une terminologie chère à son cœur: lumière intimiste des bougies, chœur funèbre en majesté et adjuvants néo-baroques comme mise en scène. Rien de radicalement nouveau dans tout cela, mais un parti pris de beauté plastique qui devrait plaire au plus grand nombre, avec de rares vertus au niveau du chant : l'Adonis de Marc Mauillon et la Vénus de Céline Scheen, tous deux épris de musicalité et de style et accompagnés par des Musiciens du Paradis bien nommés, sous la conduite aisée de Bertrand Cuiller.

Notez qu’après Paris, le spectacle se verra à Grenoble, Angers et Nantes.

Roger Tellart

Blow : Vénus et Adonis
12, 13, 14 & 15 décembre 2012
Paris – Opéra Comique

20 e& 21 décembre 2012
Grenoble – MC2
www.mc2grenoble.fr

6, 8 & 9 janvier 2013
Angers – Grand Théâtre
14, 15, 17, 18 & 20 janvier 2013
Nantes- Théâtre Graslin
www.angers-nantes-opera.com

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Photo : Philippe Delval_Droits réservés Théâtre de Caen
 

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