Avec un physique et une voix pareils, il était évident que Vittorio Grigolo se frayerait rapidement une place de choix parmi les ténors du moment. Après Londres, Berlin et Orange, à deux reprises au côté de sa compatriote Patrizia Ciofi, le jeune Italien était à l'affiche du Théâtre des Champs-Elysées pour son premier concert dans le cadre des « Grandes Voix ». Latin lover jusqu'au bout des ongles, Vittorio Grigolo sait user de son charme et de sa simplicité, en investissant le plateau comme José Cura autrefois, tout en sachant s'adresser au public et créer ainsi une véritable relation.

La texture du timbre est légère, mais le musicien ne manque pas d'ambition, ce qui lui permet de passer sans trop de risque des demi-teintes élégiaques de Donizetti (Duca d'Alba et Elisir d'amore), au spinto plus corsé de Verdi (Corsaro), grâce à un instrument souple et ductile manié avec délicatesse. Plus à l’aise pour dépeindre la fougue amoureuse du Rodolfo de La Bohème, rejoint par le soprano pulpeux de Carmen Giannattasio (Vittelia à Aix l'été dernier), qu'à rendre perceptible la douleur de Cavaradossi (« E lucevan le stelle »), Grigolo sait communiquer avec sincérité son plaisir de chanter.

Entièrement consacrée à la mélodie italienne, la seconde partie, malgré quelques réussites comme cette « Chitarra romana » de Eldo di Lazzaro en duo avec le guitariste Daniele Bonaviri, improvisateur né, était sans doute trop longue, mais l'artiste s'y montre si généreux, qu'on lui pardonne volontiers ce choix. En revenant à l'opéra et à l'irrésistible « Amor ti vieta » de Fedora le ténor a mis l'auditoire dans sa poche, le Brindisi de Traviata suivi d'« O sole mio », prétexte à une amusante joute vocale avec son invitée, confirmant le succès de cette soirée, mollement dirigée par Kery-Lynn Wilson à la tête de l'Orchestre Lamoureux.

François Lesueur

Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 16 janvier 2012

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Photo : Alessandro Dobici