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Vive Messager ! L’Amour masqué à la Salle Favart

Est-ce le printemps qui pointe le nez ? Il est en tout cas un air léger qui flotte dans l’actualité des concerts parisiens. Il a pour nom André Messager. Parallèlement au délicieux Viva l’Opéra Comique qu’il nous propose jusqu’à la fin du mois à la Salle Favart, Benoît Duteurtre a concocté en collaboration avec Yves Coudray Un Messager a fait le printemps pour le cadre plus intimiste de la Péniche Opéra. Il est encore temps (jusqu’au 10 avril) de découvrir ce medley des plus grands succès de l’auteur de Véronique dans une en scène par Mireille Laroche.

Messager va aussi être l’honneur à l’Opéra Comique avec une représentation en version de concert d’une ses plus belles partitions : L’Amour masqué.

Réalisation tardive (1923), ce chef d’œuvre atteste l’intarissable et vigoureuse inspiration d’un de nos plus grands maîtres de la musique légère, allié pour l’occasion à Sacha Guitry.

Les débuts d’André Messager(1853-1929) ne laissaient pas imaginer un parcours de cette nature… Après la sévère école Niedermeyer où il travailla en particulier avec Fauré, Messager fut en effet pendant une dizaine d’années organiste de diverses tribunes de la capitale. La passion du théâtre qui dormait en lui ne devait toutefois pas tarder à se manifester…

D’abord en amenant Messager à entreprendre une carrière de chef d’orchestre qui le mena dans plusieurs fosses : les Folies Bergères, le Théâtre Eden de Bruxelles et surtout l’Opéra Comique où il « officia » de 1898 à 1903. Dans ce cadre il dirigea la création de Pelléas et Mélisande le 30 avril 1902 – preuve de la très haute estime en laquelle Debussy tenait son confrère, il lui dédia son opéra…

Depuis la toute fin du XIXe siècle Messager, après s’être beaucoup dédié au ballet, s’était engagé avec succès dans la voie de l’opérette avec diverses réalisations dont Véronique (1898) demeure le plus fameux exemple. Né en 1853, Messager n’était plus un jeune homme lorsqu’il livra L’Amour masqué. Qui croirait pourtant que cette « comédie musicale » en trois acte est l’œuvre d’un septuagénaire ?

Les temps ont changé. Les esprits veulent songer à autre chose que ce sinistre conflit qui a obscurci l’horizon pendant quatre ans. Le vent des années folles se lève ! En musique, Messager est de ceux qui participent de cette sensibilité nouvelle. Le 15 février 1923 au Théâtre Edouard VII L’Amour masqué est créé par Yvonne Printemps, Sacha Guitry et Pierre Darmant entre autres– on rêve en songeant à pareille distribution (1) !

Marivaudage tout en finesse et en humour (une femme et ses amants, sujet inépuisable – surtout lorsque Monsieur Guitry s’en empare !), L’Amour masqué est a l’affiche de la Salle Favart. Claude Schniztler dirige l’Ensemble Orchestral de Paris et l’on se régale par avance de retrouver les voix de Bernard Alane, Michel Trempont ( excellents dans Viva L’Opéra Comique ! ), mais aussi celles de Laurence Janot, Francis Dudziak, Patricia Samuel et Isabelle Fleur.

Une unique représentation…A ne pas rater !

Alain Cochard

(1) Le disque conserve quelques traces de ces interprètes dans l’ouvrage. On les trouvera au sein du double album d’archives « Hommage à André Messager », récemment publié par Cascavelle ( Vel 3074)

Opéra Comique, le samedi 3 avril 2004 à 20h

Photo : DR

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