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Yannick Nézet-Séguin et l’Orchestre de Philadelphie au Théâtre des Champs-Elysées - Energie solaire – Compte-rendu

Depuis 2012, Yannick Nézet-Séguin, en fonction à Montréal et à Rotterdam (jusqu’en 2018), a pris les rênes de l’Orchestre de Philadelphie, une phalange qui a marqué de son empreinte l’histoire de l’interprétation avec des prédécesseurs tels que Stokowski, Ormandy (pendant 41 ans), Sawallisch, Muti… Energique, communicatif, le chef québécois a su très vite s’imposer et impulser un dynamisme salutaire.
 
Au TCE, dans un programme traditionnel, toutes les qualités de l’orchestre éclatent en pleine lumière : cordes somptueuses et voluptueuses, homogénéité des pupitres (malgré des bois légèrement en retrait par rapport à ceux de l’Orchestre de Paris), cuivres mordorés et incisifs dans la Troisième Symphonie de Brahms d’une clarté et d’une fluidité sans pathos. Chaque détail de la partition ressort et la ductilité de l’interprétation tranche par sa souplesse de ton avec la carrure germanique.
 
La pulsation rythmique des tutti du Concerto n° 3 de Beethoven contraste avec le jeu sans faille et contrôlé d’Emanuel Ax, dont le tempérament tranquille s’oppose à l’imagination de Yannick Nézet-Séguin, littéralement survolté dans la coda du Rondo final. Bis convivial à quatre mains avec pianiste et chef réunis dans la célèbre et langoureuse Valse op. 39 n° 15 de Brahms.
La Suite du Chevalier à la rose offre à l’orchestre toutes les possibilités de briller sous une baguette volontaire qui fait corps avec les musiciens tout en sachant dégager la saveur, les étagements de plans et la veine luxuriante d’une partition haute en couleur. Standing ovation d’un public attendant pendant de longues minutes un encore qui ne viendra pas après ce Strauss jubilatoire.
 
Michel Le Naour
 
Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 30 mai 2015

Photo © Caroline Doutre

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