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Zingari de Leoncavallo au Festival de Montpellier Radio France – Une occasion manquée – Compte-rendu
Après l’annulation du concert inaugural du Festival de Radio France (le programme a toutefois pu être donné le lendemain à Alès, sous la baguette de Pablo González), l’Orchestre Symphonique de Barcelone et National de Catalogne était enfin sur le pont, à Montpellier, mardi 15 juillet pour une version de concert de Zingari (1912) de Ruggero Leoncavallo. Un acte de curiosité musicale qui ne surprend guère de la part de la manifestation languedocienne.
Deux décennies après Pagliacci, le compositeur s’autorisait un « retour de flamme de vériste », pour reprendre la formule de Jean Cabourg dans ses notes de programme, avec une partition qui s’écoute sans déplaisir mais ne saurait prétendre au rang de chef-d’œuvre inoubliable. Elle demeure bien loin de l’impact dramatique et des trouvailles mélodiques de Pagliacci. Comme souvent, on comprend que la postérité n’est pas l’ingrate et oublieuse fille que d’aucuns nous décrivent parfois…
C’est à la suite d’une commande d’une salle londonienne (l’Hippodrome) que Leoncavallo entreprit la rédaction de Zingari sur un livret de Cavacchioli et G. Emanuel tiré du poème de Pouchkine Les Tsiganes. Court (1 acte et 2 tableaux ; une grosse heure) et construit autour d'un argument très simple - une histoire de jalousie amoureuse - avec trois rôles principaux (Fleana, Tamar et Radu), l’ouvrage fut créé dans la capitale anglaise le 16 septembre 1912.
Compte tenu de la brièveté de Zingari, les Scènes Napolitaines de Massenet tiennent lieu de prélude à la soirée : excellente idée, la musique symphonique de notre Jules national n’est que trop rarement jouée ! A la tête de la formation catalane, Michele Mariotti enlève le pittoresque triptyque avec une grande énergie montrant un orchestre en belle forme. Après cette quinzaine de minutes de musique, il faudra attendre que s’achève un entracte bien superflu pour enfin passer à Zingari.
Michele Mariotti © Marc Ginot
Là encore, la direction du chef pesarais va de bout en bout se distinguer par son relief et son engagement, partagé avec le magnifique chœur basque Orfeón Donostiarra. On peut certes reprocher à Mariotti de ne pas toujours suffisamment s’attacher aux détails, mais l’élan et l’ardeur de sa jeune baguette viennent compenser les déconvenues en matière vocale.
Faisons preuve de mansuétude envers Danilo Formaggia qui a pour rude tâche de palier la défection de Stefano Secco dans l’exigeant rôle de Radu. Avec des aigus souvent à la peine, il fait face du mieux qu’il peut mais, rivé à sa partition, montre qu’il n’a hélas pas eu le temps de s’approprier le personnage.
Déception aussi du côté de Fleana avec l’incarnation plus que sommaire du point de vue psychologique de Leah Crocetto. La soprano a certes les moyens de darder ses aigus sans se laisser impressionner par les emportements dynamiques de l’orchestre, mais ne parvient pas à saisir un rôle qu’elle prive de toute sensualité.
Fabio Campitanucci © Marc Ginot
Belle, intelligente et sensible prestation en revanche de Fabio Capitanucci en Tamar, tout comme de Sergey Artamonov dans le très modeste emploi du Vecchio. Reste que sans un Radu et une Fleana crédibles on passe fatalement à côté de ce qui fait le sel dramatique de l’ouvrage... Louable résurrection lyrique que ce Zingari, mais occasion manquée.
Alain Cochard
Leoncavallo : Zingari (version de concert) – Montpellier, Opéra Berlioz, Le Corum, 15 juillet 2014.
Photo © Marc Ginot
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