Simplicité, vérité et naturel, voilà quels sont selon Gluck les éternels attributs de la beauté et le but suprême qu’il se fixa. « Alceste ne doit pas plaire seulement à présent et dans sa nouveauté. Il n’y a point de temps pour elle. J’affirme qu’elle plaira également dans deux cents ans, si la langue française ne change point, et la raison est que j’en ai posé tous les fondements sur la nature, qui n’est point soumise à la mode. » En quelque sorte, pour défendre son oeuvre, Gluck n’en appelle pas à ses splendeurs musicales, mais à son emploi très particulier de la langue. C’est à l’éternité de son essence que Gluck confie la pérennité de son oeuvre : la langue de François du Roullet, librettiste de l’Alceste française, n’était pas davantage une langue courante au xviiie siècle qu’elle ne l’est aujourd’hui, elle est une langue idéale. Tout en s’incarnant, en trouvant sa réalité dans ses accents et accidents, la langue d’Alceste se déploie en même temps en un intemporel et prodigieux cérémonial.
Véronique Gens reprend ce rôle unique sous la direction de Marc Minkowski et dans la production d’Olivier Py.