Agenda

    Au Japon, dans une immense ville tentaculaire, la plus peuplée du monde, il y a partout des petites ruelles. On a à peine quitté une grande artère qu’on se retrouve plongé dans un univers villageois, charmant, tranquille et joyeux.
    Un jour, marchant dans une de ces ruelles j’ai vu passer un chariot chargé d’enfants qui se faisaient trimballer vers l’école par deux dames. Ces deux dames les tiraient, à pied, et les petits jetaient des regards à la fois sages et malicieux sur le monde qui défilait ainsi sous leurs yeux. C'était à Koenji, un de ces endroits au monde où je me suis toujours senti très heureux.

    Les compositions de Koki Nagano m’ont immédiatement plongé dans le souvenir de ce moment, dans la ruelle de Koenji, avec les enfants qui passaient en chariot. Elles sont habitées de la joie de celui qui flâne et se laisse surprendre par les petites choses. Le piano de Koki sautille et danse sans direction précise, laisse tomber ses notes tout autour de lui, parfois s’arrête sur une couleur, se surprend lui-même à esquisser un pas inattendu, un nouveau rythme de marche qu’il répète avec curiosité tandis que le violoncelle de Vincent Segal promène ses archets comme celui qui sifflote en écho aux mille évènements qui l’entourent, attentif à leur complexité tout autant qu’à la grande évidence de ce qui a simplement lieu.

    Gaspar Claus