Quel lien peut bien unir La Colombe – opéra-comique de Charles Gounod, composé en 1860 – et Le Pauvre Matelot, “complainte” fomentée par Jean Cocteau et Darius Milhaud près de soixante-dix ans plus tard ? Oscar Wilde l’a formulé mieux que tout autre : “Chaque homme tue la chose qu’il aime. Certains le font avec un regard dur, certains avec une flatterie. Le lâche le fait avec un baiser, et l’homme brave avec une épée.” Qu’on la traite par la comédie (chez Gounod, sur un livret de Barbier et Carré) ou qu’on en fasse un drame (chez Milhaud et Cocteau), la question reste la même : comment, pourquoi, en arrive-t-on à sacrifier ce qu’on tenait de plus précieux, que ce soit par amour, par un tragique hasard... ou pas pour de vrai?
D’un côté, il est question d’une courtisane en quête de nouveaux artifices, d’un jeune homme ruiné mais riche d’un amour sans limites, de rivalités et de drôles d’oiseaux. De l’autre, dans le bar d’une ville portuaire, on trouvera une femme vertueuse mais sans scrupules attendant le retour de son mari parti en mer, des perles... et un marteau. Malentendus, ruses et quiproquos... L’affaire finira bien pour les tourtereaux de La Colombe et fort mal pour le pauvre matelot.