« Je suis jeune, il est vrai, mais aux âmes bien nées La valeur n’attend pas le nombre des années. » Combien de vocations dramatiques les vers sublimes de Corneille ont-ils provoquées ? D’après la légende, Rodrigue Diaz de Vivar sauva le royaume de Castille en repoussant l’armée des Maures et reçut le surnom de « Cid » – de l’arabe « seigneur ». Sans doute le Cid ne fut-il pas ce champion des chrétiens contre les musulmans… Qu’importe ! Le mythe littéraire avait déjà éclipsé la réalité historique… Le chef-d’oeuvre de Corneille excita bien des ambitions de compositeurs qui se livrèrent à la fin du xixe siècle une compétition sans merci – à commencer par Debussy dont le Rodrigue et Chimènedevait rester inachevé. Massenet mena à terme son Cid, qui fut créé à l’Opéra de Paris en 1885. Son amour et sa fascination pour la langue du Grand siècle éclatent à chaque page d’un livret qui cite Corneille, fût-ce dans le désordre. Mais là n’est pas la moindre irrévérence de cette oeuvre flamboyante qui joue à détourner les codes du Grand Opéra… Sous la baguette experte de Michel Plasson, une distribution épique réunit Roberto Alagna, Sonia Ganassi, Paul Gay et Annick Massis pour galvaniser ce théâtre éternel de l’honneur et de l’amour.