Inspiré des légendes d’ondines – ces esprits élémentaires aquatiques si chers au Romantisme – Rusalka conte l’histoire bouleversante d’une sirène qui, parce qu’elle a renoncé par amour pour un prince à sa voix, finira seule au monde, trahie et damnée, abandonnée par le monde marin comme par celui des humains. Quel autre lieu que l’opéra pouvait être l’endroit de cette mise en cause sans concession du langage trompeur des hommes – qui culmine dans le sublime chant que la sirène adresse à la lune ? Au crépuscule de sa vie, Dvorˇák jette tout son savoir dans cette oeuvre au lyrisme exalté, couronnement de sa carrière musicale. Robert Carsen réalise une mise en scène dont la finesse psychologique n’a d’égale que l’inventivité visuelle ; Olga Guryakova et Khachatur Badalyan incarnent ces deux êtres issus de deux mondes étrangers et dont l’amour est frappé du sceau de l’impossible.