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Daniel Kawka dirige l’Ensemble Orchestral Contemporain au Festival Manifeste – Sur tous les fronts
Fondateur en 1992 de l’Ensemble Orchestral Contemporain (EOC), le chef Daniel Kawka est une figure incontournable de la musique d’aujourd’hui qu’il sert comme personne. Boulez, Dufourt, Amy, Denisov, Goebbels et tant d’autres constituent son pain quotidien. Cette activité ne se cantonne pourtant pas à un domaine spécialisé, et le cheminement de ce musicien complet privilégie l’ouverture et l’approfondissement des styles, notamment dans le domaine de l’opéra et des grandes formes symphoniques. Nommé chef principal de l’Orchestre de Toscane en 2011, il pratique avec cette formation un répertoire plus traditionnel où voisinent Beethoven, Brahms et la musique russe.
Un Pelléas et Mélisande inoubliable
« Depuis vingt ans, je me suis attaché à diffuser la musique de notre temps, avec à mon actif plus que 400 œuvres nouvelles. Je ne néglige pas pour autant le répertoire traditionnel. » Parmi les événements marquants qui ont jalonné le parcours de Daniel Kawka durant ces dernières années, on retiendra entre autres ses interprétations de Tristan et Isolde, Tannhäuser, Turandot (Busoni), Ariane et Barbe-Bleue et le Ring (dans une version "courte" de dix heures) à l’automne 2013 à l’Opéra de Dijon. En mars dernier, Pelléas et Mélisande à Angers-Nantes Opéra a constitué pour lui une expérience mémorable, et ce spectacle dans la mise en scène d’Emmanuelle Bastet a fait l’unanimité de la critique. « C’est une vision d’une vérité crue, en pleine lumière, avec l’impression ressentie d’une adéquation réussie entre le texte de Maeterlinck et la musique de Debussy. Les interludes eux-mêmes ne sont plus séparés de l’ensemble de l’action, mais contribuent à susciter l’effet dramatique et la progression narrative. Cette collaboration avec des chanteurs totalement investis et mis à nu (la Mélisande de Stéphanie d’Oustrac ou le Golaud de Jean-François Lapointe) m’a profondément marqué. »
De nouveaux horizons
Ce chef à l’imagination sans cesse en éveil a décidé ces prochains mois de donner du temps au temps : « J’entretiens avec l’EOC une relation privilégiée depuis plus de vingt ans ; le moment est propice pour envisager de mettre en place des projets de longue haleine. J’organiserai plusieurs sessions d’approfondissement afin de m’imprégner plus intimement de l’univers des Symphonies de Bruckner en travaillant dans un premier temps uniquement sur les scherzos des neuf Symphonies. » Une expérience exaltante qu’il décrit comme la continuation d’une réflexion déjà engagée avec Wagner, en particulier ce Ring qui l’a occupé neuf mois durant. « J’ai dirigé quatorze opéras en trois ans à un rythme soutenu, et le moment est venu de me plonger dans l’univers de cet héritier de Beethoven et de Schubert, plus viennois
qu’on ne le dit. »
Une passion pour les timbres
D’autres projets sont également en cours, en particulier un enregistrement du Concerto en sol de Ravel avec le pianiste Vincent Larderet. Un autre disque sera consacré à La Tragédie de Salomé de Florent Schmitt. « J’ai grandi avec la musique allemande et c’est par elle que je suis entré dans ce métier, mais ma culture musicale reste essentiellement française avec une passion pour les timbres qui me conduit à me consacrer à la musique d’aujourd’hui. Il me semble que j’ai trouvé un dosage entre la recherche de la grande forme et cette verticalité inhérente à la musique contemporaine. »
Invité du Festival Manifeste
Hors des sentiers battus, Daniel Kawka sait prendre des risques, expérimenter et vivre des aventures musicales vivantes et sans cesse renouvelées. Le 1er juillet à l’Ircam, à la tête de son Ensemble Orchestral Contemporain, il dirigera en création mondiale Volleys of Light and Shadow de Benjamin Hackbarth, subtile dialectique entre instruments traditionnels et informatique, puis la pièce Lovesong (2000) de Chaya Czernowin, métaphore musicale d’un choc amoureux, enfin At First Light de George Benjamin (1982), prétexte à une débauche de couleurs en référence au tableau de Turner “Norham Castle, Sunrise“ exposé à la Tate Gallery. Chef infatigable, Daniel Kawka est décidément sur tous les fronts.
Michel Le Naour
(Entretien avec Daniel Kawka réalisé les 27 mars et 19 juin 2014)
Ensemble Orchestral Contemporain, dir. D. Kawka
Œuvres de Hackbarth (création), Czernowin, Benjamin
1er Juillet 2014 – 20h
Paris – Ircam ( Espace de projection)
Festival Manifeste : manifeste.ircam.fr
Ensemble Orchestral Contemporain : www.eoc.fr
Photo © Christian Ganet
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