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10ème Estivales du musique en Médoc - Trio au château - Compte-rendu
Fidèle depuis l’origine à une itinérance que les mène dans divers châteaux d’une région viticole universellement célèbre, les Estivales de musique en Médoc ont souhaité, à l’occasion de leur 10ème édition, réinviter un certains nombre d’interprètes qui ont déjà eu l’occasion de se produire durant la décennie écoulée, comme ce fut le cas, séparément, pour David Guerrier, Sarah Nemtanu et Jean-Frédéric Neuburger. Depuis un concert des trois artistes, entendu à l’Auditorium du Louvre il y a quelques années, Jacques Hubert, président des Estivales, rêvait de réunir ce trio dans le cadre de son festival. Le cru 2013 le lui aura permis, dans le chai du Château Lascombes.
Entrée en matière romantique avec l’Adagio et Allegro pour cor et piano op 70 de Schumann : la pièce n’est pas la plus impérissable de la production chambriste du compositeur mais on se laisse pourtant séduire par la richesse de la sonorité de David Guerrier, le parfait modelé de ses phrasés, sans parler d’une maîtrise technique époustouflante.
Elle est ensuite redoutablement mise à l’épreuve, comme celle de Jean-Frédéric Neuburger et de Sarah Nemtanu, dans le Trio pour cor, violon et piano (1982) de Ligeti. Grand moment de complicité entre les protagonistes que cette œuvre contrastée. On reste admiratif de la subtilité avec laquelle le cor et le violon unissent leurs timbres respectifs dans l’Andantino initial, par la précision et la formidable énergie rythmiques des 2ème et 3ème mouvements dont le déchaînement ne rend que plus prégnante, par contraste, la mystérieuse et nocturne atmosphère du Lamento, Adagio conclusif, servi par une palette sonore d’un exceptionnel raffinement.
Duo, mais cette fois du violon et du piano, pour introduire la seconde partie avec la Sonate en mi mineur KV 304. La sonorité charnue et l’ardeur de Sarah Nemtanu, le dialogue très serré qu’elle noue avec le jeu toujours lisible et dynamique de Jean-Frédéric Neuburger rendent justice à cette partition concise : un Mozart décidé et lyrique.
Fidèle au souhait de Brahms, David Guerrier délaisse le cor chromatique au profit du Waldhorn pour interpréter le Trio en mi bémol majeur op 40. Une petite explication pleine d’humour sur la différence entre les deux instruments et voilà l’un des plus doués de nos souffleurs (après la trompette et le cor, il vient de se mettre à l’étude du tuba !) lancé avec ses deux compères dans une partition qui s’offre à l’auditeur dans toute sa richesse. Pleine de clins d’œil amicaux, portée par un authentique bonheur collectif, leur interprétation sensible et enlevée libère les saveurs fruitées et les fragrances sylvestres d’un opus hélas trop rare au concert. Goûteux !
Alain Cochard
Margaux, Château Lascombes, 9 juillet 2013
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Photo : Arnaud Bertrande
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